Une journée à Avignon – Miam, Lambert, Quesne et les amis

 

 

Jeudi 6 juillet 2023. Sortis du train avec Patricia, nous y sommes, les premières affichettes écloses en témoignent. Direct à l’Hôtel Central, son nom dit tout mais heureusement situé au tout début du Sambadrome vauclusien. Dans la foulée, avec l’objectif du court séjour d’éviter la foule, déjeunons avec Jean-Marc, à l’écart au « Béou », rue Violette, vous pouvez deviner la suite du programme. Pour l’instant, réfugions-nous à l’intérieur sous la clim, nous ferons son sort au bâton glacé ensuite en terrasse, retrouvant inopinément David Wampach.

 

 

Grosse virée, nous faisons 30 mètres et pénétrons la Collection Lambert, rue Violette, of course.
Même si on est passé très vite devant les pièces de Eva Jospin, et encore plus rapidement devant celles de Martine Pascale Tayou, on s’est re-re-re délecté de la peinture américaine qui fait le cœur de la collection de l’ex si grand galeriste parisien.

 

 

 

 

Au sortir de la visite, une très légère brise est la bienvenue, prenant le relais de mes quelques coups d’éventail, dans la cour de l’Hôtel de Caumont entre les tables de la toute nouvelle charmante buvette à sirops. Nous ne verrons pas Gina cette année, hors de question de traverser la ville envahie, rechargeons un temps les batteries à l’hôtel.
2 heures plus tard et à 2 rues de là, en amont de la nuit annoncée, prenons quelques forces au bien tenu « Grand Café Barretta » en l’agréable compagnie de Kerstin et de Valentine qui est également de la fête.

 

 

Ceci dit, ceci fait, Jean-Marc est garé où il se doit. Début du pourquoi et du comment, direction Boulbon, au plus proche du lieu du crime, son passe-droit aidant.
21 heures, à quelques 20 kilomètres d’Avignon, nous y voilà. Le plaisir d’entrapercevoir Laure Adler et de retrouver Laurent Goumarre qui nous fait part du grand plaisir doublé d’une aussi grande surprise éprouvés lors du « Exit Above » de Anne Teresa De Keersmaeker vu en fin d’après-midi à La Fabrica et il est l’heure des fameuses « trompettes » de Maurice Jarre, comme on dit.

 

Tel Priscilla, l’autobus s’échoue poussivement dans le désert de la Carrière. L’image est belle, très belle mais s’épuise rapidement faute de relais dramaturgique ou autre, indicible, elle est là, quelque chose de la perte dans ce travail. de la fraîcheur ? du désir ? Les petits bonshommes de Philippe Quesne, saynète après saynète, font cabaret jusqu’à la parodie.
Les mots, quand ils sont justes, créent un rythme, une temporalité même, jusqu’à leur propre espace-temps. C’est ce lieu singulier que Quesne nous permit de découvrir et défricher avec lui chaque fois auparavant. Le lieu de la libre poésie de l’innocence. Hâte de reparcourir ses mondes, se retrouver alléger de notre réel.
Soit la pièce amputée de 30 minutes, elle serait certes plus courte mais pas plus consistante si les textes, organisateurs du temps, étaient les mêmes. A ce jour, l’écriture atone de ce Jardin des délices ne répond pas à la paradoxale composition chaotiquement ordonnancé du fameux retable cité. L’absurdité chérie de l’auteur se doit d’être plus raffinée afin d’exploiter au mieux l’entier potentiel de cette pièce et sa tendre petite communauté paumée s’est peut-être boboïsée, plus en phase avec nos jours, 20 années sont passées nous dit-on, c’est sûr.
Quoi qu’il en soit, si cette pièce est des plus fraîches et possiblement fragile, son épilogue à l’arrière-goût moralisateur qui joue le spectacle jusqu’à concurrence des 10 Commandements, appelant à une rédemption dans la crainte d’une toute puissance divine, à défaut de se délecter dans l’enfer qui, seul, nous fascine, paraît simplement incongrue.

 

Le Jardin des délices. Création 2023
Conception, mise en scène et scénographie : Philippe Quesne
Avec : Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Sébastien Jacobs, Elina Löwensohn, Nuno Lucas, Isabelle Prim, Thierry Raynaud, Gaëtan Vourc’h
Textes originaux : Laura Vazquez
Costumes, sculptures : Karine Marques Ferreira / Collaboration scénographie : Élodie Dauguet
Dramaturge : Éric Vautrin / Assistanat à la mise en scène François-Xavier Rouyer
Son : Janyves Coïc / Lumière : Jean-Baptiste Boutte / Vidéo : Matthias Schnyder
Pièce donnée du 6 au 18 juillet (sauf les 8 et 13) à la Carrière de Boulbon dans le cadre du Festival d’Avignon

 

Le lendemain, alors que Montpellier Danse envoyait sa newsletter nous faisant part de ses excellents résultats chiffrés pour son édition 2023 mais signifiant aussi ses grosses craintes quant à l’avenir budgétaire de l’Agora, le Domaine d’O de Montpellier, sur Facebook, nous faisait part de ses vrais moyens, déroulant un prestigieux générique annonçant sa toute nouvelle saison théâtrale 23/24 : Romeo Castellucci, Christoph Marthaler, Pauline Bayle, Lorraine de Sagazan, la Comédie-Française, Jérôme Deschamps, Guillaume Vincent, Léna Paugam, Gisèle Vienne, Nicolas Oton, Rabih Mroué, Christophe Rauck, Marion Siéfert, Jean-François Sivadier. Point, final.

 

Jean-Paul Guarino