Transports vénitiens, part 3 – Benoît Viguier


IMPERCEPTIBLE

 

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Quel ombre font dans l’instrument et quel murmure
les forêts d’où son bois est issu.
Rainer Maria Rilke, Chant éloigné

 

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Alors la lenteur apparente de la jeune fille se transforme en folle vitesse de notre attente.
Gilles Deleuze, 1000 plateaux

 

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Le projet est beau et rêvant, mettre des arbres en mouvement. Mais le tour de force de Céleste Boursier-Mougenot n’est peut-être pas tant de les avoir mis en mouvement, que d’avoir décidé de nous les donner à voir, presqu’à l’arrêt. Imperceptible. Le premier regard saisit le corps de cet arbre, qui semble immobile. C’est un plan fixe qui nous est donné à expérimenter, ce qui ne veut pas dire immobile, sur lequel se dessinent les vitesses et les lenteurs, un plan qui fait percevoir l’imperceptible.

Alors il faut prendre son temps, s’allonger, se laisser bercer par les boucles et les vagues émises par les enceintes, prendre le temps de regarder cet arbre se mouvoir, la présence furtive d’Alexandre Holan à nos côtés. L’ambition, en écho à certains musiciens minimalistes du 20ème siècle, est de libérer le temps au travers « d’une oeuvre d’art qui marque les secondes, les dixièmes, les centièmes de seconde ».

Cet espace, comme lieu de production de temps et de mouvement, est aussi un lieu d’hospitalité. Le pavillon français, a été conçu et repensé pour accueillir, cet être hybride, ainsi que tous les visiteurs, le public, leur donner la possibilité du temps, de l’espace, de la lumière, du repos, de la vitesse. Il ne faut pas chercher plus loin la force politique de transhumus.

 

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Bercé par une musique flottante ou les formes laissent la place à de pures modifications de vitesse.
Gilles Deleuze, 1000 plateaux

 

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À suivre…