Printemps des Comédiens, Montpellier Danse ; les festivals s’annoncent – Jean-Paul Guarino

 

 

Par mail pour Le Printemps des Comédiens, en live lors d’une conférence de presse pour Montpellier Danse, les noms des artistes invités lors des manifestations estivales à venir, des plus renommés aux plus discrets, ont été dévoilés.

 

Le Printemps des Comédiens 2020 accueille, cette année encore, du 29 mai au 27 juin, ce que l’on nomme des grands noms du théâtre, de quoi satisfaire les mordus de cette discipline. Des créations, et donc de réelles aventures, sont attendues avec plus de gourmandise : « Dekalog », celle de l’élégant Julien Gosselin, dialogue avec le cinéma de Kieslowski ; « Bros » de l’épatant et toujours imprévisible fabricant d’images qu’est Romeo Castellucci ; « Les imprudents » d’Isabelle Lafon, construit de dits et écrits de Marguerite Duras ; et « Utopolis », version Montpellier, de l’infatigable engagé collectif berlinois qu’est Rimini Protokoll. Il faut aller voir ces choses-là si l’idée de l’art et de son apparition vous anime. Nous nous y rencontrerons.
Le Printemps nous propose également quelques premières françaises. À découvrir donc avec tout autant d’appétit, « Qui a tué mon père ? » de l’enragé Edouard Louis, mis en scène par Ivo van Hove et l’intrigant « Contre-enquêtes » par Nicolas Stemann, d’après le roman « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud.
Mais bien sûr aussi qu’il faut aller voir, si ce n’est déjà fait, « Sylvia » de Fabrice Murgia, « Contes et Légendes » de Joël Pommerat et « L’Odyssée » par Krzysztof Warlikowski. Et si vous étiez encore en demande, vous irez observer ce que trament les « Petites filles » de Marion Pellissier, issue de l’ENSAD de Montpellier.

 

Du live pour Montpellier Danse et rencontre, ce mardi matin, avec le petit et grand monde de la culture et de la presse pour le rituel de la conf’ de presse, début mars comme tous les ans.
Nouveauté 2020, ça y est, tout le monde s’y est mis, on ne se serre plus la main, on ne se claque plus la bise. Vivement que l’on ne se parle plus…

Après les quelques mots des différents financeurs de la manifestation, Jean-Paul Montanari égrena le programme de cette 40e édition et des souvenirs aussi, chiffre rond d’anniversaire aidant.
Ainsi nous apprîmes que Jiri Kylian, invité cette année avec le Ballet de Lyon, était le chorégraphe favori de Dominique Bagouet et que « So Schnell », de ce dernier et, « danse toujours vivante » ajouta Montanari, sera repris sous la houlette de Catherine Legrand. Il fut des plus bienveillants lorsque pour annoncer les chorégraphes de « la région », il préféra les qualifier « d’artistes qui vivent avec nous » plutôt que du trivial « régionaux de l’étape ». Il augmenta même David Wampach du qualificatif de surdoué, évaluation que nous partageons.
S’il fut annoncé que le chouchou, Emmanuel Gat, ouvrirait le festival, il fut dit aussi que, de 3 et de 4 pour Mourad Merzouki et le nombre de représentations dans l’immense Opéra Berlioz du Corum qui bouclerait cette édition et, par là même, son budget aussi ! Entre temps, soit entre le 20 juin et le 8 juillet, et entre nombre de spectacles, nous ne manquerons pas d’aller voir, once again, la haute technicité de la Batsheva Dance Company d’Ohad Naharin, d’aller découvrir Daina Ashbee, jeune artiste de Vancouver et de nous ruer à l’Opéra Comédie pour voir, sur scène, Anne Teresa De Keersmaeker en solo dans le troisième et dernier opus dédié à Jean-Sébastien Bach, sur les « Variations Goldberg » ni plus ni moins, interprétées par le jeune pianiste Pavel Kolesnikov, pour certainement le chef-d’œuvre ou, tout au moins, la grande œuvre de cette année.

En fin de présentation, le micro circulant parmi les journalistes, la question de la succession de Montanari, cette année encore, fut évoquée ; elle ne serait toujours pas d’actualité si l’on devait traduire la réponse de l’intéressé comme celle de Philippe Saurel, président de la Métropole et principal financeur de la manifestation. Une chose est sûre, si le festival devait se poursuivre dans sa forme actuelle, personne ne ferait mieux que Montanari pour le diriger.
Il ne s’agit pas de juste établir une programmation – une bonne centaine de personnes en Europe en est capable même s’il vaut mieux posséder un épais carnet d’adresses doublé d’une efficace aura pour obtenir créations (12 cette année) et premières nationales soit tout le suc d’un vrai festival – encore faut-il être solide pour affronter les contextes politique, financier et médiatique, le public avec ses rêves, ses attentes et ses limites et les artistes aussi, même si tous sont des amis…
Jean-Paul Montanari affirme assumer pleinement son rôle de directeur artistique, à savoir « je ne programme pas ce que l’on doit voir mais ce que j’ai envie de montrer » et deux concepts seraient rédhibitoires dans l’orientation de ses choix : « la bêtise et la laideur », dixit.
Il est vrai que nous en avons eu maintes preuves dans le champ des arts plastiques, et ce depuis longtemps déjà, la beauté, loin de toute joliesse, naît, avant tout, de l’intelligence.

Si la billetterie de Montpellier Danse est d’ores et déjà ouverte, celle du Printemps des Comédiens sera opérationnelle à partir du 21 avril.

 

Jean-Paul Guarino