Présentation du Festival Montpellier Danse 2016 ou comment Jean-Paul Montanari et Philippe Saurel travaillent le territoire

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Mardi 8 mars 11h00. Conférence de Presse de présentation de la 36è édition du Festival Montpellier Danse.
Face aux très nombreux journalistes, Philippe Saurel, président de Montpellier Méditerranée Métropole, prend très brièvement la parole – tout en promettant 2 scoops pour la fin de la rencontre – avant de la donner à Jean-Paul Montanari, directeur de Montpellier Danse et de l’Agora.

Celui-ci déroule alors son programme, usant d’un prisme géopolitique pour argumenter ses choix en pointant un Nord – l’occident en fait, soit la danse « historique » du siècle dernier et ses survivants – et un Sud – sud de la Méditerranée presque exclusivement, avec un périple du Maroc à Israël via l’Algérie et la Tunisie puis débordant jusqu’à la Grèce avec escale en Iran. Même si Montanari n’oppose pas ces deux territoires, il semble espérer plus du Sud, en construction, que du Nord qui pourtant l’a intellectuellement construit. Les sentiments et leurs origines l’emportent sur la raison. Si l’on resitue la Politique en regard de la Politikè, l’espoir d’un salut des démocraties blettes et décadentes s’apparente à la victoire sur les folies dictatoriales où seul l’Individu peut en être le régulateur dans un cas et le vainqueur dans l’autre. Encore aussi le combat de l’Art contre la Culture en nous permettant de croire toujours à l’irremplaçabilité * des singularités et des œuvres émancipées qu’elles enfantent.

Plus trivialement, si les habitués des « soirées » du Corum auront leur compte – autant de représentations que l’année précédente –, les fidèles festivaliers retrouveront le Studio Bagouet, identifié comme lieu de possibles risques et richement programmé pour cette édition. Au total, encore plus de créations qu’en 2015, une quinzaine.

Outre le fait d’être définitivement élément fort des troupes culturelles de Saurel, ce fieffé Montanari est fort et toujours bien vivant. La contemporanéité des signes graphiques du nouvel habillage des éléments de communication en témoignent ainsi que le nouveau site web, riche de sa partie « magazine » entre autres, sans oublier le pied de nez à la coutumière solennelle soirée d’ouverture switchée cette année en rendez-vous en polaire à la patinoire pour un début des festivités on ice.

Retour aux micros.
Après une élégante intervention d’Anne Matheron, directrice adjointe de la DRAC, centrant ses justes propos sur l’objet de l’Art, l’adjointe à la Culture et vice-présidente de la Région, Dominique Salomon, eut les mots neutres et convenus de l’émissaire découvrant une terre nouvellement conquise. Michel Miaille, président de Montpellier Danse, enchaîna alors, usant de son désuet mais sincère lyrisme.
Pleinement réaliste, lui, Philippe Saurel réaffirma ses 4 axes culturels prioritaires – la danse, l’art contemporain, le patrimoine et les arts de la rue – avant de faire part d’un sentiment qui pourrait induire de nouvelles stratégies. Mettant en avant l’appartenance de Montpellier à la Méditerranée, il évoqua les villes voisines partageant cette spécificité. Le principe de réalité aurait mis à mal son hypothèse initiale d’une région, certes vaste, mais forte de deux métropoles puissantes et incontournables. Mais si Toulouse est métropole elle est surtout capitale. Un territoire méditerranéen semblerait en construction en appui sur Montpellier qui en aurait dés lors toutes les qualités de sa capitale. Tout peut le porter à œuvrer en ce sens, voire l’inciter quand, notamment, la vice-présidente de la Région reconnut plus d’affinités entre Toulouse et Bordeaux, ajoutant « mais nous sommes condamnés à travailler ensemble » !
Des déjeuners et rencontres seraient prévus dès cette semaine avec le maire de Sète et celui de Nîmes.
Si l’on peut se permettre, à titre d’exemple, l’idée d’un EPCC réunissant les écoles des beaux-arts de Montpellier et Nîmes, voire l’école préparatoire de Sète pourrait tester la viabilité de concrets rapprochements.
Autrement plus important que les scoops annoncés où la déception se doubla de sidération à leur révélation : parité homme/femme pour la dénomination du nom des nouvelles rues et inauguration zatienne d’une ligne de tramway…

* Les irremplaçables. Cynthia Fleury. Edit. Gallimard

 

Jean-Paul Guarino

 

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