Pièce sans acteur(s) ou un dimanche au Printemps des Comédiens

 

C’était le 13 juin. 4 spectacles. Tous au Théâtre du Hangar où, malgré la clim, souffla le chaud et le froid. C’était un dimanche dédié aux formes dites petites ou nouvelles avec de zéro à 1 corps sur scène et où finalement 1 était encore de trop.

Rapidement sur les 3 derniers spectacles, de 17 heures à 21 heures, la trilogie d’un artiste sud-coréen dit performer, derrière une table de mixage puis de démonstration de camelot mais sans bagout, fait son article, sans charisme ni même présence, développant de petites mythologies personnelles et tentant de les croiser avec comment va le Monde.
Oublions et revenons plutôt et plus tôt en début d’après-midi.
À 15 heures ça cognait dur dans la rue devant le théâtre où l’on est obligé d’attendre, suffocant, jusqu’aux 5 dernières minutes avant l’ouverture des portes et le début du spectacle.
Véritable tradition du théâtre où l’on ne vous considère que le plus tard possible comme pour nous dire vous n’êtes pas là pour vous rencontrer mais juste pour regarder et écouter donc uniquement quand la scène s’agite. Une énigme.

 

Presque pas de tromperie, seuls 2 baffles sur scène. Le titre, « Pièce sans acteur(s) », n’est en rien maniériste. Néanmoins, des voix, ça joue ; du son et de la musique ; des projections, pas d’images mais de mots et une lumière majoritairement dite de ménage soit une quinzaine de projecteurs blancs.
L’écriture joue l’impro, hésitations comprises, mais joue aussi l’ambiguïté du récit enregistré.
Une certaine lenteur, qui pourrait agacer au début, amène à réfléchir et laisse à penser, sur les différents présents notamment, jusqu’à se questionner sur l’idée de longueur au moment même où les voix aussi en sont là. « Bref, c’est compliqué » avouent-elles sur un ton badin, léger sans être superficiel et sérieux sans être grave ; celui de la vanité selon Montaigne. Si, si.
Quid du réel et de la fiction ? Les voix s’en mêlent aussi, ouvrant le champ de l’imaginaire. « La magie des mots » est-il dit avec malice et c’est réjouissant.
L’intemporalité et la déterritorialisation, via la version récitée espagnole puis mixée-couverte par la japonaise, rafraichissent le plombant hic et nunc, habituellement pris en otage par le spectacle vivant, jusqu’à se terminer comme annoncé, par le DEBUT, évidemment.

Si l’intelligence est présente, la chair peut être absente ; de quoi redéfinir, une fois de plus, la notion d’essentiel.
Tout en rondeur et comme si de rien n’était, Les Chiens de Lausanne font sa fête au Théâtre.
L’ambition programmatique des deux auteurs-interprètes, François Gremaud et Victor Lenoble, était de faire un spectacle « drôle, simple, émouvant, poétique, philosophique ». En fait cela peut être vu féroce. Du nanan !

 

Jean-Paul Guarino

 

 

 

Pièce sans acteur(s)
Création collective : François Gremaud et Victor Lenoble
Direction technique et lumières : Stéphane Gattoni, Zinzoline
Son : Raphaël Raccula