Jean-Paul Guarino : Intellectuellement, avec qui mettez-vous en place de la complicité, du penser ensemble ?
Jean-Paul Montanari : Penser ensemble ? Il ne faut pas trop demander. Il y a très peu de gens qui pensent ensemble. Quelques artistes, oui, avec quelques artistes, et ce sont alors des voyages provisoires. Avec Dominique, pendant une dizaine d’années, on a été fusionnels. On était l’un avec l’autre. On avait surtout un objet à fabriquer, on avait à fabriquer Montpellier Danse. Donc évidemment, la complicité, y compris l’intérêt réciproque, était énorme. En ces termes d’intérêts réciproques, il y avait à la fois d’un côté le festival, et de l’autre, l’œuvre de Dominique et on a tissé les deux, l’un avec l’autre.
J-P. G. : Vous étiez amants ?
J-P. Montanari : Non, mais là, c’est beaucoup plus compliqué. On n’a pas été amants, mais on a été extrêmement complices. Je peux le dire aujourd’hui, Dominique était comme fasciné par mon engagement homosexuel, le fait que je proclame ça, que je n’aie aucune sorte de honte de cette histoire. Bien plus, je militais de manière des plus libres alors que lui venait d’une famille vraiment très petite bourgeoisie angoumoisine. Sous plein d’angles, c’était aussi l’époque où tout ça a changé, ça bougeait dans tous les sens. Au début des années 80, juste avant le sida, c’étaient les années les plus timbrées. On avait tellement de choses à faire, la gauche était au pouvoir, nous, on était vraiment jeunes, on avait plein d’idées, plein d’envie et surtout on sentait un soutien politique qu’on n’avait jamais connu jusque-là. Les portes nous étaient ouvertes, on sentait qu’on avait un monde à construire. Oui, la complicité avec Dominique était immense.
J-P. G. : Et vous, qu’est-ce qui vous intriguait spécifiquement chez lui ?
J-P. Montanari : C’était l’artiste, c’était indéniablement la manière qu’il avait d’aborder la puissance du corps, la manière dont il construisait son œuvre, le rapport qu’il avait avec la musique, la manière qu’il avait de travailler avec les danseurs, sa manière de parler aussi de la danse et son propre itinéraire, lui qui venait de la danse classique.
J-P. G. : Mais qu’avait-il de plus qu’un autre ?
J-P. Montanari : Et bien ça, justement. Il savait danser tous les rôles classiques.
J-P. G. : Ce qui n’était pas le cas des autres ?
J-P. Montanari : Mais non, Dominique a dansé tout le répertoire classique sur scène. Il a été formé chez Rosella Hightower et, toujours poussé vers plus de création, s’approche alors de Béjart qui en était déjà à l’étape d’après, c’est à dire dans cette danse à la fois d’origine classique mais extraordinairement populaire aussi et déjà assez moderne. C’est à dire qu’on danse sur du Stockhausen, quand même, on ne fait pas le Lac des cygnes chez Béjart ! On fait la création du maître, que ce soit Le Sacre du printemps ou d’autres pièces et, rapidement, il va se découvrir, lui, chorégraphe, créateur lui-même, et donc il va partir de ses musiques et de cette gestuelle du vocabulaire classique et, très vite, il va en inventer un à lui, qui est un mélange à la fois traditionnel avec beaucoup de techniques classiques et en même temps d’inventivité sur les gestes. Bagouet est sans doute celui que j’ai vu inventer le plus de gestes de ma vie, il en inventait sans cesse, des gestes nouveaux que je n’avais jamais vus, tout en toujours respectant profondément cet héritage classique qu’il aimait, qu’il avait aimé mais qui, au bout d’un moment, ne lui suffisait plus.
J-P. G. : Donc il n’a pas détruit, il n’a pas déconstruit, il est allé au-delà ?
J-P. Montanari : Il a vite compris que son corps n’était pas fait pour faire du classique. Chez Béjart ça n’a pas marché, il est resté un an, mais Il n’avait pas de force dans les bras, il ne pouvait pas soulever les filles, il ne pouvait pas faire de portés et, très vite, il a réglé la danse sur son propre corps. Par ailleurs, il avait vraiment les bras trop courts et donc il y avait chez Dominique des épaulements, c’est à dire que l’épaule allait en avant, ce qui faisait que ça allongeait le bras mais c’était un effet d’optique parce qu’en fait, son bras était toujours aussi court. Sauf que si tu prolonges avec la totalité de l’épaule, tu sembles avoir un bras beaucoup plus long. Il y avait une intelligence de ce corps. Il a construit sa danse sur son propre corps à lui, avec ses grosses cuisses de danseur classique et ses bras très faibles. Donc, tout est construit là-dessus et, également et pendant longtemps, chez Dominique on ne se touche pas ! Ça met très longtemps à ce que les corps commencent à se toucher ou à se porter.
J-P. G. : Ça veut dire quoi ça encore ?
J-P. Montanari : Ça veut dire qu’il n’avait pas fini de faire son histoire. Il fallait qu’il termine ce qu’il avait à faire sur son propre corps avant de s’occuper réellement de les accoupler, d’accoupler les corps entre eux. Ça veut dire aussi qu’il avait peut-être avec sa sexualité encore un rapport un peu étrange. Ça je n’en sais pas assez mais le grand questionnement c’est, à quel moment a-t-il été contaminé par le sida ? Sans doute à New York, en 85. Je me suis senti assez coupable parce que je sais qu’il est allé à New York, parce que je parlais tout le temps de Cunningham. Lui, pas tellement, il ne s’est mis à aimer les Américains que beaucoup plus tard, sous mon influence d’ailleurs, puisque c’est quand même moi qui l’ai vraiment beaucoup poussé à regarder de ce côté-là, que je trouvais être le comble de l’intérêt chorégraphique.
Mais bon, nous parlions des institutions. Donc, Dominique est arrivé ici avec 12 danseurs permanents, payés tous les mois, il y avait un technicien et un administrateur, point ! Aujourd’hui, ça vient recouper ce que l’on disait tout à l’heure, il n’y a que des intermédiaires. Il y a des chargés de production, de relations publiques, des chargés pédagogiques etc. Ce n’est plus que ça les salaires des Centres chorégraphiques. Observez les modes de production, les salaires des danseurs, ce sont les coproducteurs qui les paient. Mais la plupart du temps, à part le chorégraphe lui-même qui se trouve être le directeur du Centre chorégraphique, la production, la présence de ces danseurs en répétition et en représentations sont payés par les coproducteurs, Jean-Marc Urrea* peut vous expliquer ça très bien. C’est comme ça que ça se fait. Ça veut dire que c’est presque hors du souci du Centre chorégraphique, le souci permanent du Centre chorégraphique c’est les chargés de production, les relations publiques, c’est les gens qui font de la pédagogie, les gens qui font de la presse, les gens qui font de la communication, pas les danseurs ! Il n’y a pas de danseurs permanents dans les Centres chorégraphiques alors que lorsque nous sommes arrivés sous le toit de l’Opéra, les 90% des salaires, c’étaient les danseuses et danseurs qui étaient là, les Catherine Diverrès, les Monet Robier, les Sylvie Giron, les Bernardo Montet…
C’est comme ça que ça fonctionne aujourd’hui. Je ne suis pas sûr que l’œuvre soit au centre des préoccupations de l’institutionnel. S’il y avait beaucoup plus de moyens, l’œuvre serait prioritaire, puis le reste peut être après.
J-P. G. : Mais on a l’impression qu’on donne de plus en plus de moyens depuis toujours, non ?
J-P. Montanari : Alors, c’est vrai et pas vrai. C’est à dire que les Centres chorégraphiques n’ont pas du tout été faits sur la trame des Centres dramatiques, par exemple. Ces derniers ont été pensés avec un théâtre pour accueillir du public. Les Centres chorégraphiques ont été fait avec des studios pour travailler, le public n’était pas inclus dans les financements. C’est un simple constat et quand vous regardez les budgets, ils sont loin d’être les mêmes.
J-P. G. : Une question moins concrète. De quoi serait fait un terreau favorable à une vitalité de la danse ?
J-P. Montanari : Ce serait sans doute, un lieu qui n’existe pas encore et qui n’existera peut-être jamais, justement à cause de la structuration mentale et politique de notre pays, mais qui pourrait exister de manière privée, qui serait un lieu absolu de création, de rencontres. Je l’avais évoqué avec Frêche. En place d’un Centre chorégraphique et d’un Centre dramatique, un seul lieu conçu pour la création et où tout le monde se mêlerait, non pas une Villa Médicis, mais un endroit où il y aurait à la fois un chorégraphe, un plasticien, des musiciens qui répéteraient dans un coin et des gens de théâtre qui traverseraient tout ça. Mais cela nécessite énormément de moyens et cela nécessite surtout la suppression de toutes les catégories, c’est à dire l’abandon total des Centres chorégraphiques et Centres dramatiques. Cela ne pourrait se faire que dans une ville nouvelle où il n’y aurait aucune de ces vieilles structures or l’histoire nationale de la danse c’est un collage de tous ces existants ; moi je n’ai jamais rien compris à ça. Pour revenir à la question, je pense que ce sont les artistes eux-mêmes qui pourraient inventer l’espace, cette espèce de lieu où les gens pourraient travailler, ensemble.
J-P. G. : Je voudrais que l’on parle du futur, même si le sujet du contemporain reste bien le présent, mais pas du futur de la danse cette fois, mais plutôt de votre avenir à vous et du devenir de cette maison. On doit pouvoir en parler aisément puisque, semble-t-il, votre départ ne serait plus d’actualité, à moins que vous ne le décidiez ?
J-P. Montanari : Dans la tempête actuelle, ne croyez pas que le capitaine va partir. Il est clair que tant que cette histoire d’épidémie n’est close et qu’on n’a pas retrouvé une sorte de stabilité, je ne quitterai pas ce navire. A part ça, je suis en dialogue avec les pouvoirs publics et particulièrement la Métropole et son président, Michaël Delafosse, qui ne souhaite pas pour l’instant que je quitte mon poste. Moi-même, je dois dire que l’adversité me donne de la force. Je suis fabriqué comme ça. Je suis désolé mais c’est comme ça. C’est très difficile en ce moment et c’est ça qui me donne cette espèce d’énergie qui surprend tout le monde, qui fait que je repose des questions sur tout, je restructure, j’interviens dans tous les secteurs, alors que ces derniers temps, j’avais un peu laissé courir. Je reviens absolument partout. Donc voilà, j’en suis plutôt là, même si je connais certains matins, physiquement, des fatigues terribles, j’aurai 74 ans à la fin de l’année. C’est comme ça. Et en même temps je vois partir Raimund*, dans son sommeil. Il était un peu plus jeune que moi, un an de moins. Gisèle* me dit que je mourrai dans mon bureau.
J-P. G. : Ma question c’est, en partirez-vous de ce navire ? Le déciderez-vous ?
J-P. Montanari : J’aurais tellement aimé que ce ne soit pas moi qui décide. Comme je n’ai pas tout à fait décidé d’en prendre la direction. J’ai très peu décidé de choses en ce qui me concerne personnellement. J’ai quitté l’Algérie, je n’avais pas le choix on m’a dit allez-vous en, j’ai atterri par hasard à Lyon, je n’y suis pour rien.
J-P. G. : Mais alors de qui accepteriez-vous la décision ?
J-P. Montanari : De la vie, ça s’arrête, je meurs. Donc voilà tout s’arrête, ce n’est pas moi qui ai décidé, dans mon sommeil.
J-P. G. : Cela pourrait être un acte de construction que de partir ?
J-P. Montanari : Non, pour moi, partir sera de toute évidence une mort. Je pense que je mourrai quelque temps plus tard. C’est comme ça, ce n’est pas grave. Ça ne me trouble pas plus que ça, mais c’est ma vie ici. Je vis tout seul, ma vie ici, c’est ce bureau. C’est pour ça qu’il est aussi grand sans doute, je n’en sais rien.
J-P. G. : Ce festival n’aura plus cette même forme dans 20, 30 ou 50 ans, donc qui quand quoi fera que la forme va changer, ça peut aussi tenir d’une décision ?
J-P. Montanari : C’est ce que j’appelle le festival de trop. Si un jour, peut-être le prochain, qui est déjà beaucoup en route, très avancé, ne correspond plus, ne répond plus aux questions d’un festival de la nouveauté, de la recherche, de l’imagination, de la curiosité.
J-P. G. : N’auriez-vous pas envie de construire quelque chose dont vous auriez l’idée, en être le maitre d’œuvre à défaut d’en être le commandant ? faire vivre cet objet, l’accompagner au cœur du siècle ? Mais peut-être que, tel qu’est le festival à ce jour, ça marche très bien comme ça ?
J-P. Montanari : Ça ne marche pas si bien que ça. Ça marche, mais l’épidémie est en train de tout masquer. On ne voit rien, on ne voit qu’elle aujourd’hui, l’épidémie. C’est pour ça qu’il faut attendre qu’elle s’arrête, voir quelles traces elle laisse dans nos comportements, dans nos finances, dans le public.
J-P. G. : Ce lieu dont vous parliez en disant que finalement ce n’est pas tant un lieu qu’il faut mais des artistes, pourquoi ne pas, a minima, le penser ? le penser pour le suivant, le successeur ? Et faudrait-il mieux un appel à candidature ou un appel à projet en suite à votre départ, soit, quelqu’un qui prendrait la suite, ou quelqu’un qui inventerait quelque chose ?
J-P. Montanari : Je ne peux pas répondre à cette question, je suis très légaliste. Il y a un conseil d’administration, c’est ce conseil qui décide, sous l’autorité du président de la Métropole, de ce qu’ils veulent faire avec cette boutique. Comme pour la décision de partir, ce n’est pas à moi de le dire, je suis le moins bien placé, de très loin. Vous êtes beaucoup mieux placé que moi pour dire ce qu’il faut faire avec cette maison. Moi, ce que j’avais à faire, je l’ai fait, j’ai inventé ; c’est très compliqué de me demander de me réinventer à 74 ans.
J-P. G. : Pas de vous réinventer, mais d’inventer encore…
J-P. Montanari : Vous qui êtes un indépendant, vous avez la perception des institutions qui n’est sans doute pas tout à fait la vraie. Les institutions ça ne bouge pas. Donc on peut les gratter par certains bouts, de temps en temps, faire un « truc », les orienter légèrement, mais ce sont des gros navires que vous ne bougez pas.
J-P. G. : Justement, la question arrivait. Avez-vous certaines années, envisager de faire des pas de côté ?
J-P. Montanari : Sans arrêt. C’est au travers de la programmation, d’inviter des artistes complètement barges, comme Steven Cohen, par exemple. Dans une programmation personne ne moufte, parce que c’est normal, parce que tout le monde va se retrouver au Corum, parce que c’est ça qu’ils veulent. Si je ne fais pas le Corum, si je fais que Steven Cohen, on va me demander de m’en aller. Je pourrais essayer, mais ça veut dire que c’est une chute dans les recettes. Donc c’est très compliqué. La seule chose que je vais avoir vraiment bouger dans les mois qui vont venir, c’est que j’ai complètement transformé la question des résidences. J’ai pris de l’argent dans la caisse, si j’ose dire, je l’ai mis sur les résidences et donc l’année prochaine, ça commencera en septembre, il va y avoir 25 artistes dans cette maison ! Parce que c’est ça qui me paraît aujourd’hui peut-être une réponse possible à tout ce que l’on disait.
J-P. G. : Nous y voilà, c’est transformer le lieu !
J-P. Montanari : Oui, c’est l’affirmer comme un lieu d’accueil, de résidence, de fabrication de l’art.
J-P. G. : Pensez-vous que cela pourrait impacter l’édition, peut-être pas 2022 mais 2023 du festival, le modifier ?
J-P. Montanari : C’est trop tôt pour que je le dise vraiment. En tout cas les 25 artistes, c’est fait. On a mis de l’argent dessus ; on les accueille avec un peu d’argent. Il y a à la fois des gens d’ici, des nationaux et internationaux, il y a un peu de tout. Donc ça commence à prendre une allure un peu différente. Ce que je regrette quelquefois c’est l’absence de vrai dialogue avec le Centre chorégraphique voisin, ce qui nous permettrait sans doute de nous développer davantage, avec d’autres légitimités, avec le master « exerce » aussi, qui peut être mérite une autre place que celle qu’il a.
Pour le reste, sans doute une des choses qui pourrait me faire m’éloigner dorénavant de Montpellier Danse, c’est que je suis moins curieux que je ne l’ai été ; dans tous les cas, les choses que je vois en danse ne m’excitent plus comme elles m’excitaient avant. L’inventivité de la maison est tenue par la plus jeune de l’équipe qui est Emma, autour des réseaux sociaux, que je déteste. Ça se fait parce qu’il faut le faire, mais c’est un mode de communication qui ne m’intéresse absolument pas.
J-P. G. : Par rapport à cette idée de neuf, de toujours plus neuf, que pensez-vous de cette avidité pour le nouveau ?
J-P. Montanari : C’est suspect, c’est la loi du marché. C’est comme à la télé, il y a toujours de la publicité pour les produits nouveaux. Les nouvelles voitures me choquent particulièrement, parce qu’il y en a partout. Je n’ai jamais de ma vie acheté un seul produit dont j’ai vu la pub à la télévision, mais je suis bien obligé de la subir. Vous avez vu le nombre de voitures qui sortent par semaine, par mois, qui sont toutes électriques maintenant, toute les marques, toutes les couleurs. Donc c’est la nouveauté, c’est le marché qui impose cette notion. Alors ça va avec le jeunisme aussi, c’est un peu la même histoire et les choses nouvelles qui sont rarement rétroactives. La danse est un art du vivant, de l’éphémère, de l’immédiat. On sait bien la difficulté à remonter d’anciennes pièces, c’est très compliqué. Il faut vraiment que ce soit fait comme Catherine Legrand*. Il faut vraiment que ce soit fait par quelqu’un qui soit d’une vivacité et d’une compréhension actuelle de l’œuvre. C’est à dire une relecture en fait de l’œuvre. Ce qu’elle a fait sur Bagouet, de mon point de vue, est totalement exemplaire. C’est absolument parfait, c’est la meilleure chose que j’ai vue de reconstitution de Bagouet depuis qu’il est mort. L’année prochaine sera le 30e anniversaire de la mort de Dominique. Il y a déjà des pièces qui y pensent, il y a déjà « Necesito » qui revient dans le circuit. Et ça, ce n’était jamais le cas dans les festivals auparavant, parce que les gens n’étaient pas morts. Aujourd’hui, ça devient un lieu de célébration, de souvenirs, une sorte de cimetière. Je ne peux pas le nier, j’ai bien mon âge et je ne peux pas nier cette histoire de cimetière et on vient vers moi pour ça et je leur dois aussi cette tâche.
J-P. G. : Donc on est condamné à l’hyper-nouveau ou à piocher dans la mémoire ?
J-P. Montanari : Voilà, on en est là. Mais peut-être que les choses vont changer, mais il ne faut pas trop se poser de questions, je crois. Je viens, le matin, travailler avec la chose à faire dans la journée et demain est un autre jour. Être là, autrement ? Peut-être, j’y ai pensé. Pour l’instant, c’est un grand point d’interrogation. En tous les cas, tous les jours on parle de ça, tous les jours on se demande comment faire pour réaliser la suite. Sous quel angle il faudrait aborder ? Qu’est-ce qu’on pourrait dire aux pouvoirs publics ? Et tout le monde attend que ce soit moi qui trouve la solution et je suis incapable de la trouver cette solution. Aujourd’hui, je ne sais pas faire.
J-P. G. : Vous n’en avez pas l’obligation non plus…
J-P. Montanari : Peut-être parce que je ne veux pas lâcher prise, que ce serait une forme de première mort, de petite mort. Donc, je ne sais pas. Il n’y a qu’une seule chose qui m’irait, c’est que je tombe dans mon bureau, et que je finisse comme Georges Frêche, en activité.
J-P. G. : Je crois qu’on va s’arrêter là.
Propos recueillis à Montpellier, le 18 mai 2021