Opus perpetuum de Sylvain Fraysse à Uzès (30) – vite, google traduction !

 

Ce jeudi 4 mars a été dévoilée « Peior sum ad optimum faciendum », une œuvre pérenne de Sylvain Fraysse pour le lycée Charles-Gide et métiers d’art à Uzès dans le Gard, et s’est ouvert, au sein de ce même lycée, l’exposition « Faciendum et ingenio », présentant des œuvres de Joe Scalan et Simon Sterling – œuvres sélectionnées par Sylvain Fraysse dans la collection du Frac Occitanie Montpellier.

 

 

 

L’œuvre « Peior sum ad optimum faciendum » trouve son origine dans la chanson du groupe Nirvana – Smell Like Teen Spirit – écrite par Kurt Cobain, élevée au rang d’hymne adolescent et aujourd’hui considérée comme une chanson emblématique. Elle fait écho, en toute modestie, à la mosaïque romaine exhumée sur le site lors des fouilles préalables à la construction des nouveaux bâtiments du lycée. Elle a été réalisée par l’artiste avec le concours de Léa Villar, ancienne élève du lycée.

« La proposition vise à traverser ces notions par l’intermédiaire d’une référence iconique de la culture populaire et plus particulièrement de la culture adolescente, tout en tenant compte des spécificités, de la nature du lieu et de sa mémoire. La question de « l’idole » est ici appréhendée sous son approche étymologique d’image fantôme. En ce sens, l’intervention se voulait discrète ne s’intégrant que par soustraction à l’aménagement extérieur prévu du sol. Gravés dans une typographie romaine, les derniers mots de la chanson, ici traduits en latin, revêtent une dimension toute autre. À la fois sacralisation d’une mythologie adolescente, évocation de la mémoire du lieu et métaphore du savoir, la pièce tient autant des stèles funéraires romaines, témoignages des cultures antiques que des étoiles d’Hollywood Boulevard, symboles futiles de starisation. »

« Smell Like Teen Spirit, Ça sent comme Teen Spirit – Teen Spirit étant le nom d’une eau de toilette – est une chanson du groupe Nirvana, figurant en première position sur l’album « Nevermind » sorti en 1991. Son auteur Kurt Cobain entrera au panthéon du rock alternatif des années 1990, propulsé bien malgré lui comme porte-parole de toute une génération. Même si leur signification semble plus ambivalente et sarcastique à l’égard de la jeunesse, ces paroles obscures ont souvent été interprétées comme un chant à la révolte lycéenne, sensation renforcée par le vidéoclip mettant en scène un concert du groupe à l’intérieur du gymnase d’un établissement scolaire. Elevé au rang de véritable hymne adolescent, ce titre est aujourd’hui considéré, selon une étude du Dr. Mick Grierson du Goldsmiths College, comme « la chanson la plus emblématique de tous les temps », sur le site de streaming Spotify lancé en 2008, il est le morceau le plus populaire d’artistes contemporains ou arrivés juste après Nirvana avec 387 millions d’écoutes en date de mai 2018. La persistance est un mode général d’existence dans le temps. Une image, personne, ou objet persistant maintient au minimum son identité en tant que telle. Dans une époque où il n’a jamais été aussi simple de produire et de diffuser des contenus, en quoi un événement parvient-il à fixer ce flux comme un cachet qui serait imprimé sur une eau courante ? « On n’a pas bien réalisé l’état fluidique du psychisme imaginant » dit Gaston Bachelard. Et c’est sans doute cette fluidité qui produit ce sentiment de vitesse qui si souvent semble même en deçà du langage – si le langage est, comme on peut le croire, l’un des premiers degrés de ce processus d’induration dixit Tanguy Viel. Par ses temporalités, la gravure, entre autres médiums, vient questionner dans ma pratique cette contemporanéité du statut des images, son recours tendant à l’historicisation. »
S. Fraysse

 

Cette œuvre pérenne est une production du Frac Occitanie Montpellier et de la Région Occitanie dans le cadre du Parcours « Découverte des métiers de la culture, du patrimoine et des métiers d’art », avec le concours de Tourre Sanchis | Architecture & Urbanisme durables.

 

 

 

En contrepoint, Sylvain Fraysse s’est glissé dans la peau du commissaire d’exposition et a sélectionné des œuvres dans la collection du Frac pour l’exposition « Faciendum et ingenio », présentée jusqu’au 31 mars 2021 dans ce même lycée, dans 2 vitrines idéalement adaptées au projet.

Dans le contexte particulier d’un établissement scolaire jouxtant enseignements manuel, artisanal et intellectuel, l’exposition tend à interroger le lien entre le geste et la pensée. Sous ce prisme, les œuvres de Simon Starling et Joe Scanlan viennent, pour l’occasion, dialoguer avec la pièce produite pour le lycée, « Peior sum ad optimum faciendum ». Le processus de création, comme influence du statut, ainsi que les notions de copie, de simulacre et de transformation trouvent ici écho aux propres préoccupations plastiques de l’artiste.

 

 

Dans l’actualité de Sylvain Fraysse également, Carré d’Art – Musée d’art contemporain de Nîmes, qui possède 6 pièces de l’artiste dans sa collection, vient de mettre en ligne une courte vidéo où l’artiste présente succinctement son travail, s’attardant notamment sur « Against the stencil », un ensemble de dessins ciselés.