Vendredi 2 octobre, c’est reparti, et avec appétit, pour 3 jours et 3 spectacles. Ce soir, Salle Molière à l’Opéra Comédie, « CONCRERTO », la création de l’année de David Wampach, conçue en binôme avec Aina Alegre.
Si le baroque est classiquement défini comme étant l’art du mouvement, c’est aussi une esthétique, une vision du monde, une manière de réagir à une crise. La définition valait pour la fin du XVIe siècle. Cette pièce, elle, serait scellée « Covid 2020 », si un jour l’épisode pandémique entrait dans l’Histoire, témoignant que certains ont peut-être été plus sensibles à la période et à l’état du confinement. On tire un fil, on s’engage sur une piste et on ne lâche plus. Impossible de se projeter ailleurs ou autrement et mieux vaut tenir que courir… à sa perte peut-être, même si la piste n’est pas la bonne.
En suite à un cinglant coup de cymbale à la tonalité tibétaine, une silhouette apparaît, tête masquée d’une coiffe inspirée d’un heaume de majoret et instruments à cordes non définissables en mains attaquant une scie lancinante d’un folklore inconnu.
2 tambours rejoindront le musicien et les 3, face à nous, chacun jouant de son timbre, entameront ce que l’on doit nommer un concert et l’arrivée d’un quatrième interprète composera un quartet.
On pensera à la liberté que s’autorisait un Chuck Mangione face à une partition et on pourra aussi croire entendre des échos aux stridentes incantations d’une Yma Sumac speedée. Mais on doit l’admettre, érigée en plein centre de la scène, hiératique tel un moaï de l’Ile de Pâques, une colonne de 3 baffles crachant un volume plus fort que puissant, trop fort même, en impose plus que les corps-pantins qui n’arriveront jamais à rivaliser ou même à jouer à égalité avec les sons émis. Les quelques minutes finales de danse ne seront que pâles spectres de l’incarnation si singulière du Wampach que l’on aime ou que l’on aimait.
CONCRERTO
Chorégraphie, lumières et costumes de Aina Alegre et David Wampach
Interprétation de Régis Badel, Hétonque, Romain Mercier et David Wampach
Qu’en dire ? c’est gênant mais bon, rien n’entachera l’énorme succès public, standing ovation comprise, que reçut la première de ce show. Autant les triomphes de Mourad Merzouki peuvent s’expliquer et se comprendre mais là, y a quelque chose qui m’échappe. Non, c’est le tout qui m’échappe ! C’était « LOVETRAIN2020 » d’Emanuel Gat à l’Opéra Comédie ce samedi 3 octobre, annoncé comme comédie musicale contemporaine, sur d’anciens tubes du groupe Tears for Fears.
Avec ou sans musique, ça commence quand, ça raconte quoi ? Des gestes amples et de grands pas mais la démesure ne fait pas grand danse ni n’aura raison de l’invincible pop. Des costumes lourds et encombrants, assurément du jamais vu avec, pour faire simple, des étoffes et drapés, inspirés d’un Simon Vouet, lui-même inspiré d’un Caravage et de ses clairs-obscurs. Y’en a un p’tit peu plus, j’vous le mets quand même ? Usant et abusant continuellement d’effets de fumée, du sfumato plein les mirettes surligné de lumières célestes et pourquoi pas divines. Après, hier, une tentative de baroque, nous voilà, ce soir, entre grandiloquence et outrecuidance versus raffinement, au-delà du maniérisme, en plein kitsch. Quel week-end ! De quoi craindre le pire pour demain.
LOVETRAIN2020
Chorégraphie et lumière d’Emanuel Gat
Musique de Tears for Fears
Créé avec et interprété par Eglantine Bart, Thomas Bradley, Robert Bridger, Péter Juhász, Michael Loehr, Emma Mouton, Eddie Oroyan, Rindra Rasoaveloson, Ichiro Sugae, Karolina Szymura, Milena Twiehaus, Jin Young Won
Et demain c’était dimanche 4 octobre et c’est à la Halle Tropisme que ça se passait, dans un hangar tout en longueur où nous étions assis de part et d’autre d’un large catwalk.
Prêts à défiler, au sol, 12 paires de chaussures dont mocassins, derby, bottines et une triplette de bottes aux accents militaires. Mathilde Monnier arrive, demi-vêtue, chemise blanche, d’homme peut-être, sur culotte blanche et collant noir de femme, c’est sûr.
La performeuse fait glisser, d’écarts en écarts, les souliers le long du promenoir, et plus tard se gante des bottes pour mieux les manipuler. Androgynie, collant, chaussures et bottes, t’en veux toi d’un cocktail pour fantasmes fétichistes !?
Mais ce que l’on retiendra c’est le sourire mutin de Monnier qui est une moue qui n’est pas d’usage dans les défilés de mode tout comme son altière et superbe marche qui met au rencart les pas cadencés des égéries de couturiers. Avec ces peu, Mathilde parvient une fois de plus à faire du Monnier et s’il ne faut pas se poser trop de questions, elle-même laissant « tout ouvert », la chose est une fois de plus confirmée, c’est bien la singularité qui fait l’art et les artistes, Fashion Week ou pas. Après 2 jours de gris, légère éclaircie donc « sur la terre comme au ciel ».
Défilé pour 27 chaussures
Une pièce de Mathilde Monnier et Olivier Saillard
Chorégraphie et danse de Mathilde Monnier
À venir, notamment une des plus grandes chorégraphes actuelles :
Anne Teresa De Keersmaeker & Pavel Kolesnikov. The Goldberg Variations, BWV 988
mardi 13, mercredi 14 et jeudi 15 octobre au Théâtre des 13 vents à Grammont
Nadia Beugré. L’Homme Rare
vendredi 23 et samedi 24 octobre au Kiasma à Castelnau-le-Lez
Arkadi Zaides. Necropolis
lundi 2, mardi 3 et mercredi 4 novembre au Studio Cunningham à l’Agora
Jean-Paul Guarino