Nîmes, célébrant les 30 ans de Carré d’Art, s’impose capitale du Sud de l’art contemporain

 

 

La Ville de Nîmes célèbre les 30 ans de Carré d’Art, Jean-Marc Prevost, son directeur, en célèbre, avec talent et tendresse aussi, la collection.
Rappelons que Carré d’Art a été créé à l’initiative de Jean Bousquet, maire de Nîmes et Robert Calle, premier directeur qui a pensé la programmation de préfiguration et la constitution de la collection avant son ouverture, dès 1986. Cette dernière, constituée d’acquisitions bien sûr, et de dépôts, s’est considérablement enrichie par les dons des artistes, collectionneurs et galeries, et figure, à ce jour, avec près de 600 œuvres allant de 1960 à nos jours, comme l’une des collections d’art contemporain les plus importantes à un niveau national et international.

 

 

Un ensemble d’expositions permet de porter un regard sur les œuvres de la collection, de les penser dans leur contexte historique qu’il soit esthétique ou politique.
Aux 2e et 3e étages, cette présentation exceptionnelle permet de découvrir ou revoir des œuvres issues des mouvements apparus dans les années 1960 tel le Nouveau Réalisme et Supports-Surfaces, jusqu’aux propositions les plus contemporaines, mais aussi la peinture française ou allemande des années 80 et la présence d’artistes singuliers. Le parcours, se déroulant donc sur les deux étages du musée, met en lumière la diversité des médiums utilisés dans les dernières décennies : peinture, assemblage, installation, vidéo, performance.
Cette sélection est complétée par le regard de 3 artistes de différentes générations liés à l’histoire du musée – Tarik Kiswanson, Walid Raad et Suzanne Lafont – résultat de la qualité des relations instaurées par Jean-Marc Prévost avec les artistes et des confiances réciproques.

 

Au 3e étage, Tarik Kiswanson qui a été montré à Carré d’Art avec l’exposition Mirrorbody, première exposition monographique de l’artiste dans une institution française et dont plusieurs de ses œuvres sont conservées dans la collection, s’attache à rendre visible, via un accrochage personnel et sensible dans trois salles du musée, certains axes donnés récemment à la collection qui sont liés à la présence des corps, le mouvement, l’identité, la mémoire ou les différentes façons d’élaborer un récit.

Toujours au 3e étage, le parcours s’achève par la réponse de Walid Raad – lui aussi exposé en 2014 à Carré d’Art puis en 2021 à la Chapelle des Jésuites et présent dans la collection avec un ensemble de 5 œuvres – à l’invitation à poser son regard sur la collection en proposant une nouvelle installation faisant écho à l’histoire du musée entre fiction et réalité. Une œuvre en soi et, une fois encore, des plus originales. Pas un mot de plus, à découvrir !

 

Au rez-de-chaussée, à la galerie Foster, Suzanne Lafont dont le travail a été présenté à Carré d’Art en 2015 et dont plusieurs de ses œuvres sont conservées dans la collection, a été invitée par Jean-Marc Prévost à porter son regard sur la collection photographique, cette fois-ci, du musée. Sa proposition, des plus singulières, pertinente et assurée, est une véritable réussite, une précieuse complicité à partager.

Au niveau -1, à la Galerie de l’Atrium, une installation vidéo de Martine Syms nous plonge tant dans son travail que dans la vision de son monde et de sa cité, Los Angeles en l’occurrence. Une réussite supplémentaire.
Juste à côté, au Centre de documentation, le livre d’artiste est mis à l’honneur. L’occasion de découvrir comment les artistes de la collection se sont emparés de ce médium de création.

 

L’anniversaire ne se fête pas uniquement au sein du musée mais également à la Chapelle des Jésuites où est magistralement projeté le film « Fragments » du chorégraphe Noé Soulier et au charmant Musée des beaux-arts où sont exposées 7 des 9 pièces de Martial Raysse issues de la toujours même collection de Carré d’Art.

 

Hors les murs toujours et à travers la ville, nous découvrirons l’exposition personnelle d’Olivier Laric,
« Mémoire vive », au Musée de la Romanité, au Muséum d’histoire naturelle la rencontre des pièces de sa collection et certaines de Carré d’Art, l’exposition « De Nîmes au Nil » au superbe Musée du Vieux Nîmes et « A l’affiche ! La féria sous le trait des artistes contemporains » au Musée des Cultures Taurines. Chemin faisant, nous rencontrerons des œuvres d’étudiants de l’Esban – École supérieur des beaux-arts de Nîmes – installées dans l’espace public ; on remarquera notamment la pièce de Noémie Cartailler Combe sur la Place de la Calade et des sculptures de Won Jy dans la cour de l’Hôtel de Ville.

Ce tout forme un programme des plus riches et de qualité, en quelque sorte une préfiguration de « Contemporaine de Nîmes », triennale de création contemporaine, nouvelle grande manifestation d’ampleur internationale qui se déploiera dans toute la ville et dont la première édition se tiendra du 5 avril au 23 juin 2024.
La Ville de Nîmes, déjà inscrite dans une histoire de l’art doublement millénaire, a la noble ambition de contribuer à écrire l’hyper présent de la création contemporaine.
La direction artistique de cette première édition a été confiée au duo Anna Labouze & Keimis Henni, qui dévoilera son projet cet automne.

 

 

Nés en 1991, Anna Labouze & Keimis Henni – fondateurs-directeurs d’Artagon et co-directeurs des Magasins Généraux – forment un duo de directeurs artistiques, de commissaires d’exposition, d’enseignants et de porteurs de projets culturels. Leurs domaines de prédilection sont l’art émergent, les liens entre art, société et éducation, les dialogues entre les différents champs de la création et les projets de coopération culturelle internationale.

 

En derniers mots, les expositions courent jusqu’au 17 septembre à Carré d’Art, jusqu’au 3 septembre à la Chapelle des Jésuites, au 31 octobre au Musée des Cultures Taurines, au 19 novembre au Musée du Vieux Nîmes et au Muséum d’histoire naturelle, au 3 décembre au Musée des beaux-arts et jusqu’au 31 décembre au Musée de la Romanité.

 

Jean-Paul Guarino