À l’heure où certains chorégraphes du XXe siècle, qui ont écrit la danse contemporaine et son histoire, s’interrogent sur le devenir de leur œuvre et où d’autres vont finir par rejoindre ceux déjà partis trop tôt, on comprend que Jean-Paul Montanari ait souhaité questionner la mémoire, la transmission, le temps qui passe. Les tables rondes organisées au sein du festival pour y réfléchir et y répondre, même sérieusement préparées en amont, n’apportèrent que des témoignages et points de vue personnels. Ça a aimablement tourné en rond et cela se comprend, le thème, des plus larges voire confus, déclinant nombre de problématiques, et l’affaire étant, en fait, celle de chacun, à chacun ses questions, à chacun ses réponses, toutes ayant une égale validité, le Schmilblic n’a que bien peu avancé.
Néanmoins, si l’on ambitionne de toujours enrichir nos regards, c’est certainement au plus juste des sens quand le répertoire est programmé dans un cadre rétrospectif, soit le travail d’un auteur pleinement montré, à l’image d’une monographie comme lors des portraits proposés par le Festival d’Automne de Paris. Et, d’où les nombreuses critiques, en parallèle à ce que sont les expositions de groupe, où il n’est presque plus que question de goût, valeur bien peu pertinente pour regard alangui.
Mais surtout, après toutes les diverses considérations développées, et après ? Faire comme si rien ne s’était passé ? Sinon, que faire ? En attendant, les reprises s’enchaînent jusqu’au 4 juillet.
« À bras-le-corps » (1993)
Chorégraphie et interprétation : Dimitri Chamblas et Boris Charmatz
Pièce donnée le 2 et 3 juillet au Studio Bagouet / Agora
« Ulysse, grand large » (1981-2023)
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Pièce donnée le 2 et 3 juillet au Théâtre de l’Agora
« Déserts d’amour » (1984) de Dominique Bagouet
Recréation sous la direction de Sarah Matry-Guerre et Jean-Pierre Alvarez
Pièce donnée le 3 et 4 juillet à l’Opéra Comédie
Cette année encore je me suis réuni et, si pour le pire spectacle du festival il y avait une véritable concurrence, notons de belles distinctions pour cette édition 2023 :
Meilleure Lumière à Yves Godin pour « 10000 gestes » de Boris Charmatz
Meilleurs Costumes à David Wampach pour « ALGERIA ALEGRIA » de David Wampach
Meilleure Musique ex-aequo à Jordan Dixneuf pour « ALGERIA ALEGRIA » de David Wampach et à Nicolas Houssin et Olivier Renouf pour « Black Lights » de Mathilde Monnier
Prix du Public à « Annonciation / Torpeur / Noces » de Angelin Preljocaj
Prix de la Reprise à « À bras le corps » de Dimitri Chamblas et Boris Charmatz
Prix de la Critique à « œ » de Pierre Pontvianne
Prix spécial du Jury à « ALGERIA ALEGRIA » de David Wampach
Grand Prix du Jury à « 10000 gestes » de Boris Charmatz
Jean-Paul Guarino