Montpellier Danse 2018, fin et bilan – Jean-Paul Guarino

 

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À la veille de la dernière représentation du Festival 2018 de Montpellier Danse, et comme à l’accoutumée, ce vendredi 6 juillet à 11 heures, Jean-Paul Montanari allait faire bilan de cette 38e édition.
Dans le jardin de l’Agora donc, à sa gauche, faisant tampon, sa fidèle directrice adjointe Gisèle Depuccio, un siège après, Bernard Travier – Vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, délégué à la culture – et à l’extrême gauche, le tout nouvellement nommé Président du conseil d’administration de Montpellier Danse, Patrick Malavieille. Après satisfecit et remerciements de ces deux derniers, Montanari adressa de même les siens, dans un premier temps aux collectivités territoriales et à l’Etat pour leurs financements, puis ses « remerciements sincères » aux différentes équipes du festival… De quoi se raidir sur son siège en bout d’estrade.
Jean-Paul Montanari annonça alors quelques chiffres, toujours très bons et c’est vrai, tant des recettes que de la fréquentation. Rapidement, 35 000 spectateurs soit 95% de remplissage et près de 450 000 euros dégagés par la billetterie, et ça c’est énorme.
Le bilan artistique était plus contrasté et c’est bien normal puisqu’il s’agit là d’art et de notions bien moins concrètes. Montanari redit ce qu’il délivrait quelques jours plus tôt dans les colonnes du « Monde », à savoir sa base de réflexion sur l’évolution du public et son désir de retourner voir du déjà vu  comme pour vérifier, confirmer et flatter ses « goûts ». Il semblerait ne plus s’agir de goût mais d’assurance de retour sur investissement d’où les précautions nécessaires avant de décider des programmations à venir qui ne seraient que réponses à des demandes fortement basées sur l’unique idée de divertissement. En effet, l’art ne peut être réponse à une demande, il s’agirait alors de « produit culturel ». Il n’y aurait alors pas plus grand écart, autant qu’entre attente et demande.
S’en suivit, exercice de style oblige, la révélation de quelques noms et projets de la programmation de la prochaine édition : Christian Rizzo ouvrira le 39e festival avec une création donnée au Théâtre Jean-Claude Carrière du Domaine d’Ô ; William Forsythe sera de retour avec un programme de 2 pièces ; une séquence en hommage au centenaire de la naissance de Merce Cunningham est en montage ; la présence de Boris Charmartz est assurée, celle de Anne Teresa De Keersmaeker est à confirmer. Du lourd, déjà, comme on dit en boxe.
À ce moment-là, à l’assistance de poser ses questions. Il avait été légitime, quelques jours avant le début du festival de s’étonner et donc, ce jour, de tenter d’avoir explication sur la rapide décision et expresse annonce d’un nouveau Président du conseil d’administration de Montpellier Danse, Patrick Malavieille en l’occurrence dont les qualités ne sont en aucun cas mises en doute, ce dernier ayant déjà fait ses preuves d’engagement et de compétences à ses différents postes antérieurs tant à la tête de la culture à la Région sous la présidence de Georges Frêche qu’à la présidence du Centre chorégraphique national de Montpellier période Mathilde Monnier ; la question étant de savoir pour quelles raisons il y aurait eu urgence et si le nouveau Président avait mission spécifique. Pour tout dire, quid de l’idée de fusionner le festival et le Centre chorégraphique puisque la chose flotte dans l’air ? Les bienveillantes réponses de Bernard Travier et les fins arguments de Patrick Malavieille furent des plus courtois mais évasifs aussi ; mais que les élus décident de leur calendrier d’annonces, cela peut se comprendre et s’accepter aussi. Espérons que l’avenir ne prouve pas qu’il fut usage de langue de bois ; pratique dite devenue insupportable pour le citoyen. Montanari, lui, affirma que ce scénario s’il s’avérait futur réel ne serait pas « une erreur mais une faute politique ». La boucle était bouclée, et la roideur plus ferme sur l’estrade encore.

 

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A nos sentiments à leur tour d’être avancés. Cette année, pas de Top 5, ni 4 ni 3. Tout juste un Top 2 avec « Une soirée avec Forsythe » de la Compañia Nacional de Danza d’Espagne et « Mitten wir im Leben sind » de Anne Teresa De Keersmaeker. Il est vrai que je n’ai pas pu voir Phia Ménard – 2 représentations à 18 heures – ni encore vu le Nederlands Dans Theater puisque j’irai ce soir.
Un Top des plus minces donc mais un Flop carabiné cette année, un tel cas d’école que l’on ne peut se taire. Un Flop de première attribué au projet – puisque je ne l’ai pas entendue parler de pièce ou d’œuvre mais de projet – au projet donc, de Maud Le Pladec. Spectacle interrompu par la pluie qui malheureusement s’est rapidement arrêtée, le show reprenant, alors que tout était déjà dit lors des toutes premières minutes. La suite ne faisait que confirmer ce que l’on pouvait supputer la veille lors de la conférence de presse, soit les racines franchouillardes de cette pièce où comment ça pérore, comment ça blablate en amont, pour, ivre de mots, valider toute action qui nous saoule sur le plateau, soit encore, quand se complaire dans le verbiage empêche l’apparition et le travail de tout concept. Philosophique s’entend.

Les mots, écrits ou parlés, à défaut d’être outils de discours peuvent être objets d’activisme et œuvres à part entière, nous le savons depuis longtemps. Une preuve supplémentaire et joyeuse, en sus, à La Panacée à Montpellier cet été avec la rétrospective consacrée à Bob and Roberta Smith.

 

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Jean-Paul Guarino