1er juillet
Si le commentaire est parfois critique, il s’appuie sur une matière présente. Nous ne parlerons pas des carences de « Tenir le temps » de Rachid Ouramdane.
2 juillet
Outre le sujet et ses thèmes traités – on a déjà tout lu et dit, la pièce datant de 2012 –, Sakinan Göze Çöp Batar de Christian Rizzo est un objet chorégraphié se « développant » de sculpture en environnement puis en installation.
He. Sur son socle, tous les reliefs de la sculpture sont travaillés par la lumière réfléchie, de trois-quarts, créée par la chef opératrice Cathy Olive. Les premières études de corps jaugent l’espace proche à captiver, telle celle de la plante verte – stylistiquement « nature morte », traduction pervertie de l’anglais « still alive » où comment dire les choses ou encore comment les voir.
Here. Dans la chambre noire, le corps s’émancipe de sa roideur pour descendre de son support et faire sien l’espace dessiné au sol, le territoire photographique s’ébauche. Poses et pauses s’enchaînent, les images se rythment en photogrammes, le mouvement s’amplifie. Le socle disparaît, basculant de piédestal en mobilier, alors que l’éclairage toujours indirect et toujours extérieur mue l’espace en paysage. Le chef de labo, Christian Rizzo, attentif à l’apparition, régit les sons, un homme danse et les lumières transforment la plaque de verre en négatif souple. Kerem Gelebek s’extrait même du cadre pour récupérer l’agent sensibilisateur extérieur. Toute la chimie est là pour révéler le panorama de l’environnement habité. Fin et Noir. Noir fixateur, indispensable pour mémoriser les persistances rétiniennes. Lumières incidentes sur salle et scène, There, l’installation est nôtre. On peut s’en approcher, la pénétrer, la traverser.
Cette pièce, d’une écriture des plus précises, nécessite toute l’attention du spectateur pour accompagner la révélation de cette beauté et, pour revenir à un homme qui danse, après avoir vu une nuée de danseurs la veille, que c’est sensuel !
3 et 4 juillet
Une beauté toute autre. Non celle que l’on cristallise, mais celle qu’on nous balance pleine poire, qui disparaît à peine apparue, celle au centre de l’époustouflant CHOR(E)OGRAPHIE JOURNALISMUS kurze stücke.
Des pièces courtes donc.
Toutes violentes. De lumière ou de lenteur, de crescendo ou de rupture, de grâce ou de chute, d’inaudible ou de saturation. Toutes d’un timing d’une précision opérationnelle avec la beauté en cible.
La beauté dérange. L’intelligence aussi. VA Wölfl le sait.
Pour protéger leur périple, l’intelligence doit en passer par sa propre bêtise – provoquant au passage rires complices mais aussi de qui ne pourrait aller au-delà –, la beauté par la séduction – rassurant les handicapés du concept, imperméables à la frustration de la fugacité de l’indicible.
Pour respecter leurs interdits, l’une ne s’épanchera pas et l’autre respectera sa juste durée.
Communément l’une et l’autre ne se partagent pas. VA Wölfl les œuvre résolument. Leur rencontre tient de l’effroi.
6 juillet
Cette séquence, malheureusement, se termine comme elle a commencé, avec le chorégraphe Luis Garay cette fois. L’art est ce qui a capacité à nous mettre en état de ne pas chercher à comprendre, à nous offrir ce qui pourrait nous échapper voire nous élever. Une preuve supplémentaire, après la Batsheva, que l’adhésif nous ancre au ras des pâquerettes.
Jean-Paul Guarino