L’exposition est pensée comme un ensemble hétérogène où il est question de fleurs, de tenségrité, de la différenciation sexuelle, du moulage de disque dur, de fumée, des extraterrestres, d’aller-retour, de la confection de cordes égyptiennes, de panneaux jumeaux de liège, d’une forêt impossible, de la programmation intensive d’une machine extrêmement lente et d’alligators albinos, entre autres.
“ Notre civilisation se développe dans une logique de la contingence, de la possibilité pour chaque chose d’être tout autre. Comment la notion de matière s’est-elle ouverte à une économie et à une pensée de la forme, à un moment où tout devient programmable ? Expérimenter à travers l’art les relations de tensions entre science, fiction, culture et capital développe de fait un certain artifice. Il est peut-être nécessaire de produire une nouvelle esthétique qui ne soit ni représentative, ni abstraite, ni conditionnelle, mais constitutive d’une époque où nous construisons un monde qui inclut comme possible notre disparition, et où coexistent les formes chaotiques et ordonnées de la circulation : des idées, des formes, des atomes, des énergies, des gènes, de l’information. ” prévient Michaël Sellam.
Une fois ces choses lues, la plus grande liberté nous est donc accordée pour rencontrer les œuvres proposées. Ce qui n’est pas annoncé, et peut-être pas si flagrant lors de la visite, c’est comment et pourquoi presque chacune des pièces est doublée. L’une est parfois la complémentaire de l’autre, parfois une compagne ou la seconde partie d’un dyptique et d’autres fois encore l’une se fond en l’autre. Si le texte de présentation est teinté d’une amère lucidité sur l’état du monde, la possibilité du duo voire du couple pourrait optimiser le constat. L’idée d’un possible à venir est en soi déjà signe de générosité. Générosité à partager si le regard du visiteur veut bien faire sa part de travail pour mieux savourer la complicité en attente mais contenue dans chacune des pièces. On remarquera alors la présence de l’artiste : sa pensée face à des pièces machiniques que l’on pourrait juger distantes ; sa main et donc sa proximité quand il tresse, peint ou plie. La plus grande des attentions sera récompensée.
Jean-Paul Guarino
ESBAMA – Ecole supérieure des beaux-arts de Montpellier Agglomération
Michaël Sellam. Science, fiction, culture, capital
17 janvier – 28 février 2014
Exposition en suite à la résidence au sein de la pépinière d’entreprises Cap Omega, de novembre 2012 à octobre 2013, dans le cadre de “ La résidence du Cap ”, à l’initiative de l’ESBAMA et du BIC – Business and Innovation Center.