Mezzanine Sud, Prix des Amis des Abattoirs – Toulouse (31)

 

Ce prix – décerné par les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, avec cette année encore le soutien des Amis des Abattoirs – accompagne et met en avant les artistes de moins de 35 ans dans le domaine de la création artistique contemporaine

Ce concours récompense habituellement trois jeunes artistes de l’Occitanie par une participation à l’exposition « Mezzanine Sud » organisée annuellement par les Abattoirs sur leur site de Toulouse. Il s’agit d’une véritable mise en lumière réservé à la jeune création plastique de la région. Aujourd’hui ce prix ne cesse de gagner en reconnaissance régionale et nationale, et sert de tremplin pour la plupart des lauréats.

Dans cette exposition collective, chaque lauréat bénéficie d’un espace propre d’environ 80m². Outre un soutien technique pour la réalisation de son exposition, chaque lauréat se voit doté d’un budget de production à hauteur de 3 000 euros et d’une somme forfaitaire correspondant à des honoraires de 1 000 euros et d’un défraiement de déplacement.

 

L’année 2020 a été particulière à bien des égards. Les artistes de cette année-là – Lana Duval, Bonella Holloway, Matthieu Sanchez et Anna Solal – ont travaillé sur leur exposition sans que le public puisse les découvrir. Aussi ils reviennent accompagnés des trois nouveaux lauréats 2021 : Naomi Maury, Jimmy Richer et Maxime Sanchez.

 

Née en 1991 à Bédarieux, Naomi Maury, diplômée en 2015 de l’École Supérieure d’Art d’Annecy Alpes, vit et travaille à Sète.

Naomi Maury s’intéresse aux rapports que l’humain entretient avec les espèces non-humaines tels plantes, animaux, machines, et autres. Ses sculptures sont composées de matériaux soigneusement sélectionnés qu’ils soient naturels ou industriels. Les formes ainsi créées font apparaître les enjeux de l’interconnexion et de l’interdépendance entres les espèces, poussant ainsi l’autre à éprouver de l’empathie vers celles qui souffrent. Le thème des prothèses et de la symbiose entre le vivant et le non-vivant restent au cœur du travail de l’artiste.

 

Jimmy Richer, né en 1988 à Montpellier, est diplômé en 2014 de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier.

S’il propose des scénographies grand format et immersives, le travail de Jimmy Richer repose avant tout sur le dessin – une ligne claire et précise, inspirée autant par des gravures anciennes que par la bande dessinée – qui retranscrit ses influences de la culture pop. Il conte des histoires qui débordent de la feuille pour recouvrir les murs proposant ainsi des fresques dans lesquelles le regard du visiteur se perd à la recherche du moindre détail car chaque trait a son importance dans son travail qui assume l’humour populaire que dégagent ses œuvres.

 

Maxime Sanchez, diplômé en 2017 de L’École Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes est né en 1992 à Aubenas et vit et travaille en Ardèche.

Intéressons-nous un peu plus à ce jeune artiste, le plus jeune des lauréats, au parcours déjà affirmé et des plus prometteurs.
En 2017, année de l’obtention de son diplôme national supérieur d’expression plastique, Maxime Sanchez participe à la Biennale jeune création Mulhouse 2017, et réalise sa première exposition personnelle « bosozoku – Arc Romance Dawn » à la galerie Vasistas, Montpellier. Dès 2018 il participe à une résidence de l’Institut Français de Timisoara en Roumanie puis est lauréat de la Résidence d’artiste 2019 organisée par Les Amis du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne et, en 2020, lauréat Mécènes du Sud pour les bourses de production. Il participe à plusieurs expositions collectives en 2021, dont « En eaux troubles », Les limbes, Saint-Étienne et « Crossover » avec Paul Chochoix, galerie Vasistas, Montpellier mais aussi à la galerie de la Scep et à la Friche de la Belle de Mai à Marseille. En 2021 toujours, il est en résidence pour le « Projet Down by the River », porté par l’AFIAC à Labastide Saint-Georges dans le Tarn et pour le projet « Horizons d’eaux #5 », en partenariat avec le Frac Occitanie Montpellier, le long du canal du Midi à Capestang.

 

 

 

 

La proposition de Maxime Sanchez pour Mezzanine Sud fonctionne comme une installation.
L’œuvre centrale, « Real dino skin », produite pour l’occasion, illustre l’idée d’une bête minimaliste traquée autour de laquelle habitants de la forêt (golems, chasseurs) et machines (pelle mécanique) s’agitent de concert. Ce bloc d’acier soudé reçoit comme revêtement le U-POL raptor, un produit imitant la peau des dinosaures selon les dires d’un carrossier alésien. Ce produit antidérapant s’applique généralement comme un antirouille sur les véhicules de chasse d’où l’arceau de pick-up sur la face ouverte de la sculpture. La présence de boue et de graisse sur l’ensemble du cube vient rappeler une métaphore de Robert Smithson qui, lors de ses analyses de chantier le dimanche, s’amusait à comparer des bulldozers boueux à des espèces préhistoriques figées dans le temps. Très inspiré par la sculpture américaine des année 60 comme « Die » de Tony Smith, Maxime Sanchez se sert des facettes du cube comme matrice sur laquelle surgit une scène de chasse irréelle.
En appui des éclaboussures de boue qui peuvent témoigner d’une sensation de vitesse ou de fuite, le mur derrière présente un ensemble d’écussons massacres sur lesquels des images hydrographiées de forêt paisible viennent semer le trouble dans l’exposition. Emblèmes de mort, ces trophées moulurés témoignent d’une inversion des sens ; ce n’est plus l’animal qui meurt mais la nature.
Dans cet univers fantastique, l’artiste fait le choix de montrer des sculptures réalisées cette année :
« Bones dugs n’harmony », outil d’excavation des sols construit uniquement avec des morceaux ferreux trouvés sous terre et « Grolem », un trompe-l’œil caillouteux en polystyrène muni d’un pare-pierre de motocross.

 

 

 

Les Abattoirs, Musée | FRAC Occitanie Toulouse – Toulouse (31)
Mezzanine Sud
Les lauréats 2020 : Lana Duval, Bonella Holloway, Matthieu Sanchez, Anna Solal
Les lauréats 2021 : Naomi Maury, Jimmy Richer, Maxime Sanchez
jusqu’au 28 mai 2022