Quelle gourmandise à flâner, agréablement accompagné, dans cette ville, en fin d’été quand la chaleur est toujours là mais n’est plus accablante !
Se garer au parking de la Maison Carrée est ce qu’il y a de plus pratique. Remontant à l’air libre, 200 mètres plus loin, première halte, même s’il est déjà 10 heures, pour un p’tit café au Café Latin, sous les rayons d’un soleil rutilant qui révèlent parfaitement l’architecture du temple romain.
On s’engage alors dans la rue de l’Horloge, entrant ou passant devant – au goût de chacun – La Nîmoise, « la maison de la brandade ».
Arrivés Place de l’Horloge, ou l’on va vers la droite chez Villaret, acheter quelques croquants, ou vers la gauche aux Halles de Nîmes où chacun a un ami qui vous tuyautera sur ses meilleurs fournisseurs. Peu importe, on salive devant chacun des plus de soixante étals des mieux achalandés, mais on ne pourra, tous, que succomber à l’onctuosité de la chantilly de la Crémerie des Greffes.
L’appétit de nourritures terrestres, tous sens éveillés, nous amène à emprunter pour lors l’avenue du Général Perrier, nous guidant vers notre musée favori du Sud, le Carré d’Art Jean Bousquet – Musée d’art contemporain de Nîmes.
Nous avions déjà parcouru, au deuxième étage, le nouvel accrochage de la collection, aussi nous montons direct au niveau 3 où, avant l’exposition du jeune Tarik Kiswanson – né en Suède, vivant à Paris et dont la famille est originaire de Palestine – qui démarrera le 30 octobre, se tient pour quelques jours encore, jusqu’au 27 septembre précisément, l’exposition « Des Visages – Le temps de l’Autre ».
Après ces temps de confinement où toute personne pouvait sembler être une menace et où nous avancions masqués, cette exposition constituée en grande partie d’œuvres de la collection nous amène à porter un regard sur l’autre.
De nombreuses œuvres de la collection comportent des visages allant de Thomas Ruff, Sophie Calle à Latoya Ruby Frazier. Il y aussi des masques que l’on peut trouver chez Annette Messager et Ugo Rondinone qui dans un autre temps n’étaient pas pensés pour se cacher mais pour se créer des personnalités multiples.
Nous imaginons et partageons la jubilation de Jean-Marc Prévost – directeur et conservateur en chef du musée – à construire et à accrocher cette exposition et le plaisir de nous contaminer ainsi plus d’une heure.
La discussion sur le choix et l’origine des pièces continuera à quelques 300 mètres de là, au tout début du boulevard Gambetta, attablés à l’agréable terrasse du Mercadante. Un églefin au four accompagné d’un verre de Nero d’Avola et d’une petite brise qui circule sous les micocouliers, la formule est complète et parfaite.
L’idée, suivie de l’envie, d’un sorbet impose de longer le quai de la Fontaine jusqu’à traverser le somptueux jardin du même nom et chercher récompense aux Tables de la Fontaine. Ce n’est pas un nom de notre invention mais bien celui du croquignolet restaurant mi-buvette mi-guinguette niché sous des ombrages bienvenus. Décidément, une cité où les esprits peuvent se rencontrer…
Jean-Paul Guarino