Les Résidences de Montpellier Danse à l’Agora, Montpellier (34)

 

 

Pour la saison 2021-22, un appel à candidature pour résidence a été lancé par Montpellier Danse et 104 dossiers furent réceptionnés. Un triumvirat artistique, composé de Anne-Sophie Aamodt, Gisèle Depuccio et Jean-Paul Montanari, a sélectionné 29 dossiers. Ainsi jusqu’en juin 2022, seront accueillis à l’Agora, 29 artistes venant aussi bien de la région Occitanie que de France ou de l’international, ces 3 tiers étant respectés au mieux mais avec élasticité tout de même, tout comme la parité hommes/femmes.
On peut supputer que le choix des artistes invités au sein de ce dispositif soit teinté de l’attachement de Jean-Paul Montanari à la géographie méditerranéenne et on est certain de son appétit pour les générations émergeantes.

Trois studios de danse ainsi que des hébergements – avec le soutien de la Fondation BNP Paribas sont mis à disposition pour une durée pouvant varier de quelques jours à 3 semaines selon les besoins de la création. La Salle Béjart, le Studio Maurice-Fleuret et le Studio Cunningham permettent de recevoir différentes étapes de travail, des prémices du spectacle ne nécessitant aucune technique à la finalisation des créations lumières et son.

Tout au long de l’année, nous, public, pouvons approcher les artistes et leur travail lors d’ateliers de danse, de studios ouverts ou de rencontres.

Nous avons ainsi assisté aux « Studios ouverts » de Jamila Essaih et Yara Boustany, le 9 décembre dernier pour l’une et le 14 pour l’autre.
Si la première vient de Marrakech, l’autre arrive de Beyrouth et les deux sont, pour la première fois, en résidence en France, à L’Agora de Montpellier Danse.

Après des activités d’enseignante, Jamila Essaih intègre l’école des arts chorégraphiques à Marrakech dirigée par Taoufiq Izeddiou. Les axes principaux de son travail abordent les notions de la démocratisation de la danse, d’imaginaire sensoriel et de féminisme. Elle a travaillé à l’Agora à la création de son nouveau spectacle qui repose sur des dialogues avec les migrants, qu’elle préfère appeler « voyageurs », rencontrés à Marrakech.

Yara Boustany a suivi des études à l’école de théâtre, de danse et de cirque CAU à Grenade en Espagne et depuis 2015 elle anime des sessions de poésie physique et d’improvisation dansée en studio.  Lors de cette résidence à l’Agora, elle a continué le travail sur le spectacle La Vallée du Sommeil, inspiré d’une œuvre de l’artiste-peintre égyptien Abdel Hadi Al Gazzar Les djinns de l’amour.

Ces résidences sont rarement consacrées en temps de recherche pure ou d’expérimentation, les artistes préférant utiliser les équipements hautement professionnels de Montpellier Danse et bénéficier de l’accompagnement des techniciens, notamment son et lumières. Ce fut le cas pour ces deux artistes, également « honorées », dirent-elles, « d’être invitées au sein d’une structure des plus reconnues internationalement ».
Si elles furent très sensibles à l’accompagnement technique, elles dirent ne pas être en manque d’accompagnement artistique, théorique ou esthétique se contentant des retours du public en lieu de « regard extérieur » en fin de séance des Studios ouverts.

Ce dispositif reste actif et deux autres artistes sont déjà au travail, Cécile Laloy et Florence Bernad.

Formée au CNSMD de Lyon, Cécile Laloy développe une pratique intensive du Kung Fu et du clown pendant sa formation et durant les 3 années qui ont suivi. Elle obtient son diplôme d’état et enseigne à l’école de La Comédie de Saint-Etienne depuis 2012 et assiste plusieurs metteurs en scène sur le travail du corps au théâtre. A l’Agora, elle travaille Exercices de style, premier volet de son nouveau projet Métamorphoses, un projet protéiforme sur plusieurs années.

Florence Bernad a commencé sa pratique de danseuse à l’Ecole Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower à l’âge de 15 ans puis poursuit son parcours à l’école epsedanse d’Anne-Marie Porras à Montpellier. Le féminin est au cœur de toutes ses réflexions et interroge sa créativité. Baal, son nouveau spectacle qu’elle travaille à l’Agora, est une pièce chorégraphique interprétée par un quintet d’hommes, danseurs et acrobates, résolument traversés par la question du féminisme, qui mettent en mouvement des textes féministes et soutenus par un chœur de femmes polyphonique.

Jean-Paul Guarino