Les images parlent / Montpellier Danse, hTh, ICI – Jean-Paul Guarino

 

Les teasers présentant les programmes de la saison à venir en disent bien plus que ce qu’ils montrent.

 

teaser_MontpDanse

Celui de Montpellier Danse a tout d’une bande-annonce produite par France2 à destination du public tranquilou de Télématin. Pas de malentendu possible, on y explique bien tout, par l’image et les mots, plan par plan et on ne va pas trop vite, le temps de cocher les spectacles sur son programme et que défilent, plan-plan, les extraits des shows de Merzouki, Blanca Li, ou Kader Attou, qui seront goûtés par une salle assurément pleine et confortablement calée dans les fauteuils business du Corum.
Ne manque, en voix off, que l’annonce des jours et heures par Stéphane Bern ; tous les midis sur RTL, il dit adorer ça, donner les dates.

 

teaser_hth

Le teaser de hTh – le Centre Dramatique National de Montpellier – est un manifeste visuel en soi. Les images donnent le tempo, le graphisme en assistant leur composition, elle-même faisant écho au mix musical.
On entend ou lit de l’anglais, du français, du flamand, de l’espagnol naturalmente, jusqu’à l’allemand de Platel. Nous voilà européennissime tel Tracks sur ARTE.
Si ce court film traduit tout l’intérêt porté par Rodrigo Garcia au poids des images – lui-même tournant actuellement au Brésil la vidéo qui accompagnera sa prochaine création – il témoigne aussi de l’exceptionnelle qualité des œuvres et des artistes invités mais également de la contemporanéité d’une appétence du présent et de ses possibles. Mais quelle programmation cette année encore !
On veut tout voir !

Et on a déjà vu ! L’excellent « Real Magic » du groupe britannique Forced Entertainment, la semaine dernière ! C’était annoncé comme « Brillant, intelligent, et hilarant ». La confirmation s’est manifestée jusqu’à jubilation.
Si dans un premier temps, on pouvait penser qu’il y était question d’échecs individuels, et l’absurde en rendait compte, l’idée d’une commune impossibilité finit par émerger et, la métaphore aidant, les rires jaunirent. Les deux acteurs-auteurs furent bien sûr formidables et leur comparse, Marshall, qui se prénommait Claire, fut aussi savoureuse que notre Nadeau.

Et on verra « Danse de nuit », et ce, dans la rue, de Boris Charmatz, les 4, 5 et 6 octobre.

 

teaser_ICI

Pour ICI, c’est le son mis en musique – thème de « le syndrome ian » par le groupe Cercueil – qui mène la danse, le programme égrenant alors nombre de rendez-vous spécifiquement qualifiés, jusqu’aux logos, en fin de course, prêts à « transer ». Un rôle jamais tenu par les icônes institutionnelles, du jamais vu même et comme on savait autrefois en inventer sur Canal+.

Oui, tout le monde participera ou, tout au moins, tout sera partagé et c’est bien là l’espoir, le désir, le credo de Christian Rizzo, le chorégraphe et néanmoins directeur du Centre chorégraphique national de Montpellier même s’il aime à répéter qu’il n’en est pas à la direction mais là pour donner une direction.
« Être ICI c’est être ensemble mais c’est aussi créer ensemble », ajoute-t-il. On pourrait supposer que les artistes invités à montrer leur travail ou choisis pour occuper des temps de résidence seraient membres d’une même famille esthétique. Il corrige aussi sec : « une famille décomposée alors et sans patriarche ! » « On n’arrive pas à entrer dans le XXIe siècle », poursuit-il, et pour tenter d’annihiler le poids des dogmes hérités, il assène « placer l’expérience avant la théorie ». A notre tour, avec envie, d’expérimenter notre parcours de public avec sa nouvelle création, « d’à côté », dès les 6 et 7 octobre prochains.

 

Outre les expositions à venir à Carré d’Art à Nîmes comme à La Panacée à Montpellier, entre danse, performance et théâtre, de quoi donc regarder, voir et penser pour les initiés comme pour les néophytes voire les béotiens et pour tout vrai curieux qui se respecte.

 

Jean-Paul Guarino