Les expositions estivales les plus enthousiasmantes en Sud de France et à découvrir encore cet automne

 

Les expositions les plus enthousiasmantes de cet été 2021 en Sud de France célèbrent aussi les lieux qui les accueillent et révèlent donc notre Top 3 des lieux d’art et ce, dans un petit périmètre et des plus touristiques. Bref, de quoi se faire encore, cet automne, un agréable week-end aux saveurs tant camarguaises que vacancières. Pour notre part, une déconvenue en fin d’escapade se traduira d’un petit coup de griffe pour clore ce bref papier.

 

A Nîmes, nous avons déjà dit tout le plus grand bien de « Mirrorbody » l’exposition de Tarik Kiswanson à Carré d’Art ; à voir et à revoir donc.

 

Au niveau de la collection permanente de ce même musée, Jean-Marc Prévost, directeur des lieux, a depuis quelques années déjà, réservé un espace – Project Room – pour accueillir de délicats événements. Cet été, et dans la programmation satellite des Rencontres photographiques d’Arles, c’est le travail de Jeff Weber qui occupe les cimaises.
L’accrochage, au cordeau et des plus adressés, témoigne de la précision, de l’engagement et de la bienveillance de l’artiste. Ne pas oublier la feuille de salle et, ou, les commentaires des médiateurs ; si l’exposition est remarquable, elle n’en est pas moins tant riche que complexe et nécessite des informations pour s’en approcher au mieux.

 

Carré d’Art, Nîmes (30)
Mirrorbody
Tarik Kiswanson
jusqu’au 24 octobre 2021
Commissariat de Jean-Marc Prévost
Serial Grey
Jeff Weber

jusqu’au 14 novembre 2021
Commissariat de Jean-Marc Prévost

 

 

Quelques 35 kilomètres plus loin à peine, nous voilà à Arles où l’on est toujours très curieux des choix et propositions de Bice Curiger, directrice artistique de la Fondation Vincent van Gogh.
Une fois de plus, la surprise est de taille. Nous n’en dirons et n’en montrerons pas trop ; à chacun de savourer la sienne. Nous dirons néanmoins que l’exposition réunit de nouvelles œuvres de l’artiste américaine Laura Owens et sept tableaux de Van Gogh, pour la plupart exécutés à Arles et aux alentours.

Depuis vingt-cinq ans, Laura Owens interroge les paramètres du médium pictural, dont elle élargit les possibilités en abattant les frontières qui le séparent d’autres disciplines de la culture visuelle et matérielle, telles que la broderie, le design, l’illustration pour enfants et le dessin numérique. Pour cette exposition, ses créations font écho aux tableaux de Van Gogh et nouent un dialogue avec eux. Laura Owens a passé la majeure partie de l’année 2020 à Arles et dans ses environs, et ses dernières œuvres sont le fruit de recherches approfondies sur l’histoire de la ville et sur les liens qu’y a tissés Van Gogh.

 

 

Fondation Vincent van Gogh, Arles (13)
Laura Owens & Vincent van Gogh
jusqu’au 31 octobre 2021
Commissariat de Bice Curiger et Mark Godfrey

 

 

On y est, on y reste ! Après 11 ans de fermeture dont 4 de travaux, le Museon Arlaten – Musée d’Arles, en provençal – a rouvert, majestueusement, en décembre 2020.

Le poète et Prix Nobel, Frédéric Mistral, est à l’origine du musée, collectant traces et témoignages des traditions d’une Provence en train de basculer dans la modernité. Défenseur de la langue et de la culture d’Oc, Mistral poursuit son œuvre littéraire en fondant un « musée de poète » non sans s’intéresser aux méthodes de collecte et aux procédés muséographiques les plus contemporains.
Le Museon Arlaten, musée d’ethnographie, a évolué pour devenir un « musée de société » qui explore et interroge la société provençale d’aujourd’hui. A ce jour, les collections muséographiques rassemblent 38 000 objets, 15 000 livres, 42 000 images, 1000 périodiques, 60 mètres linéaires d’archives privées…
Aux collections d’objets ethnographiques du quotidien – costumes, mobilier, musique, agriculture, artisanat – s’ajoutent des collections relevant des beaux-arts – peinture, sculpture, art graphique, photographie – des sciences – archéologie, histoire naturelle, numismatique – et des modèles réduits – bateaux, mobilier, outils agricoles, habitats – viennent appuyer la dimension didactique du musée.

 

 

 

Museon Arlaten, Arles (13)
tous les jours sauf lundi toute l’année sauf 1er novembre et 25 décembre

 

 

En fin de visite du Museon Arlaten, juste avant la sortie, on domine la cour intérieure où la végétation tutoie librement des ruines romaines. Ce romantisme n’est pas de mise à quelques encablures de là, dans les jardins de la Fondation Luma.

 

 

La végétation est des plus maitrisées voire contraintes, à l’image de la bâtisse et de l’ordonnancement des salles et « Sous les galets la bâche », l’étang profond de quelques centimètres, fait figuration tel un plan d’eau de maquette ferroviaire. On retrouve une même rigueur voire autorité dans la succession d’espaces vides plus que libres, des halls, paliers et terrasses dominantes d’un dit phare, protégé de nombre caméras, devenant mirador d’un Village où nous n’accepterons d’être ni Numéro 6 ni aucun Prisonnier. Vides aussi, les rayonnages, à hauteur d’homme, de la Bibliothèque ; les ouvrages, au plus haut, étant assurément inaccessibles tout comme les étages supérieurs de l’édifice. A se questionner sur la lucidité ou l’idéologie qui gouverne les « metteurs en espace ».

 

Démonstration technologique et « ludique » – hou ! le vilain mot – de Philippe Parreno, toboggan de Carsten Höller, miroir vomitif de Eliasson, ça c’est pour La Tour. En extérieur, le skatepark de Koo Jeong A et le Palais des glaces de Carsten Höller. Welcome in Luma Park !
Les artistes, eux, se sont bien amusés, jusqu’à frôler l’abus de confiance de l’héritière productrice. Notre Top 3 s’achève par un super flop.

 

Dans La Tour, espaces vides, galeries de déambulation et d’apparat décomptés, restent des portions restreintes, privées de lumière naturelle où sont présentées, sans jubilation, les œuvres historiques de la collection familiale.

Notre intérêt s’éveille enfin et fortement dans l’antre de La Grande Halle, au sein de la superbe installation de Pierre Huyghe. Nous devrons interroger longuement les médiateurs pour tenter de savoir où nous sommes même si nous sommes certains de ne pas être n’importe où et d’y être bien, et même encore, si au final, on ne comprend rien mais ce n’est pas grave et bien heureusement car il n’y a jamais rien à comprendre en art et c’est bien pour cela que l’on ne s’en lassera jamais. Quoi qu’il en coûte.

Jean-Paul Guarino