Ce jeudi soir, on s’est tapé 2 beaux mecs.
Israel Galván, pour commencer.
Un solo « cru » était annoncé. Pas de plateau, donc la terre battue de la cour de l’Agora. Pas de musique. Pas de lumières et à 20 heures, pour dire la luminosité.
Belle prestation, le danseur est bel et bon – nous le savions – mais il a fait ce qu’il a pu aussi. Cela débuta comme un spectacle avec ce que l’on appelle une entrée, au centre d’un dispositif – « plateau » tiré au cordeau, gradins autoritaires, témoignage sonore amplifié – qui l’imposait. Il s’agissait alors de prendre possession de cet espace judiciaire et d’y faire ses preuves. Il y parvint bien sûr, intensément mais avec beaucoup de volontarisme aussi, puis abandonna ce challenge en adoptant une attitude se rapprochant de celui du performer et alors du spectateur. Avec 2 phrases, et quelques regards complices, il y parvint aussi.
Le danseur est généreux et envisageait ce moment comme un cadeau. Si l’idée était excitante, l’emballage était nécessaire. La dramaturgie était absente, le lieu semblait ne pas être le bon, l’heure et la luminosité non plus ; quant au dispositif, c’est déjà dit. Si les aficionados y trouvèrent leur compte, sans bouder notre plaisir mais en s’autorisant à faire la fine bouche, nous en resterons à 2 oreilles, néanmoins ou malheureusement…
Studio Bagouet, 22 heures. Cédric Charron – annoncé comme interprète de Performance sur la feuille de salle, dans « Attends, attends, attends… (pour mon père) » de et sous la tutelle de Jan Fabre – apparaît.
Un très bon danseur plutôt. Et là, c’est écrit, et c’est le moins que l’on puisse dire.
C’est adressé aussi et précisément.
Tant et tant que nous voilà témoin hébété mais pas sidéré d’un monologue masturbatoire où Jan parle à Fabre, utilisant l’interprète pour mieux ignorer l’individu (au passage, en aucun cas performer donc mais visiblement heureux d’être élu et parfaitement consentant).
Les groupies de la sur-théâtralité en eurent plus qu’ils ne pouvaient l’espérer. Le spectateur émancipé, lui, comptant les pièces, ne se fit pas enfumer. Une beauté inenvisageable.
Pas suffisamment écrit pour le premier, verrouillé pour le second. Et puis marre du torse nu comme argument ultime de l’engagement.
Ah, jamais content ! Mais pourquoi ne pas souhaiter le meilleur, le Rouge et le Noir.
Jean-Paul Guarino
Israel Galván
Solo
Festival Montpellier Danse
Cour de l’Agora – Montpellier
du 3 au 7 juillet 2014
Jan Fabre
Attends, attends, attends… (pour mon père)
avec Cédric Charron
Festival Montpellier Danse
Studio Bagouet – Montpellier
du 3 au 5 juillet 2014