La rentrée à Paris – Albers, O’Keeffe et Baselitz entre autres

 

Beaucoup de monde, comme très rarement pour un banal mardi ensoleillé, au Musée d’art moderne de Paris. 2 raisons, Albers et Albers, Anni et Josef, dont toute la pertinence a été, depuis longtemps, dévoyée en élégante abstraction par la petite bourgeoisie en quête de décoration intérieure et « Les Flammes », une expo plus qu’une exposition sur et avec le meilleur et le pire, majoritaire, de la céramique, mitraillée par une foule pas des plus jeunes il est vrai. Ça fait du bien de voir tant d’affluence au MAM mais un peu de sang neuf ne nuirait en rien.
Tiens, choc des générations, pour me faire mentir, défilent à l’instant 2 meutes de scolaires… Manquent, définitivement, entre ces extrêmes, ceux qui sont supposés faire notre présent.
Donc « L’art et la vie », d’Anni et Josef Albers, pour les inconditionnels, et c’est jusqu’au 9 janvier 2022 et à l’étage, la céramique, sa vie son œuvre, ça vient de démarrer, et ça propose une immersion, a minima, dans ce médium, associant plus de 350 pièces allant du néolithique jusqu’à nos jours et ça court jusqu’au 8 février 2022. Ça laisse le temps pour questionner l’angle d’attaque de derrière les fagots qu’a dénichée et animée Anne Dressen, la commissaire.

 

 

 

 

 

Toujours rive droite, dans le Marais même, où après un détour, que l’on regrettera, par Lafayette Anticipations et le creux mais néanmoins prétentieux travail plastique de Martin Margiela – Pas là, pas là, mais tu es où, pas là… lalalala, ben tant pis pour toi – un peu plus loin, on se réconfortera le temps d’un temps naturalisé, au sein du cabinet de curiosités sur 3 étages qu’est le superbement rénové Musée de la Chasse et de la Nature avec, pour quelques jours encore, Damien Deroubaix en invité.

 

 

 

 

 

 

 

On enchaîne à quelques pas de là, au Centre Pompidou où, méthodiquement, on visitera toutes les expositions temporaires.
On oubliera le passage par la Galerie 4 présentant les sélectionnés au Prix de l’espoir du Marché 2021 – rappelons, au passage, que le britannique Turner Prize est, lui, attribué par un jury de professionnels – pour parcourir, juste à côté, Galerie 3, dans une scénographie plutôt mortifère, un ensemble de pièces historiques du designer Ettore Sottsass des années 1940 aux années 1980.

 

 

 

Montons notre adorée chenille pour rejoindre le niveau 6 et les Galeries 1 et 2 accueillant chacune une monographie rétrospective, là aussi chacune des plus riches en œuvres, celle de Georgia O’Keeffe et celle de Georg Baselitz. Heula ce travail ! sans aucun doute, scientifiquement irréprochable.
Une peintre yankee, modeste dans ses formats d’un côté, l’artillerie lourde teutonne de l’autre. Désolé pour le cliché mais d’autres, aussi, se vérifient : des formes adoucies, les autres cassantes, une palette pastel et l’autre vive voire virile. Même si ces 2 expositions n’ont pas été pensées pour être mises en regard, c’est en suivant cette idée que l’on y trouvera au mieux son compte.

 

 

 

 

 

 

On regrettera aussi, et ça nous apprendra à nous éloigner de la Capitale, notre rapide virée à Montrouge et son Salon où tout se vaut et ne vaut pas cher.
Savoir, apprendre, nul besoin de ça, ni de personne. Inonder d’anecdotes et donner son avis à défaut d’avoir une pensée. Se raccrocher à un formalisme s’approchant de celui du Marché et comme on s’en approche, évidemment on est pile à côté et la cristallisation de cette ignorance reine se traduit sur nombre de stands par une indigente esthétique, que toute bonne volonté ne parvient à excéder.
Ça ne dure que 10 jours, fermeture des portes ce 31 octobre.

Je te l’avais bien dit pourtant d’aller plutôt voir et revoir les collections permanentes de Pompidou.

 

Jean-Paul Guarino