Jean Hugo au Musée Fabre, Montpellier – « sa vie, son œuvre, sa vie »

Cet été, le musée Fabre à Montpellier dédie son espace d’exposition temporaire à Jean Hugo avec la superbe exposition « Jean Hugo, le regard magique », à l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition de l’artiste. Saluons d’entrée le travail des commissaires, Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine, sous la houlette de Michel Hilaire, directeur du musée Fabre.

 

À travers un ensemble de plus de 330 pièces, dont de nombreux prêts d’institutions françaises et étrangères, l’exposition a pour ambition de présenter l’homme et l’artiste et bien sûr son œuvre, depuis les origines en 1914 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, à la fois dans toute sa diversité d’expression, ainsi que dans l’histoire culturelle qui l’accompagne, toutes deux d’une réelle richesse.

L’hommage qui lui est rendu à l’été 2024 souhaite marquer une nouvelle étape dans la connaissance et la reconnaissance de cet artiste, qui fut, tour au tour décorateur, peintre, poète et écrivain.

 

Jean Hugo a réalisé plus de 1000 peintures et 3000 dessins, collaboré à près d’une cinquantaine de mises en scène théâtrales ou dansées, et ce, tout au long de son existence. Il a largement contribué à plusieurs projets décoratifs, notamment durant les fameuses Années folles et a participé à de grands programmes artistiques à l’étranger. Illustrant les plus grands auteurs de son temps, il a également montré une grande invention dans sa relation féconde avec l’éditeur Pierre-André Benoît.

 

Né en 1894 et disparu en 1984, il a traversé presque tout le XXe siècle. À la fois acteur et fin observateur de tous les mondes sociaux et culturels dont il a fait partie, décennie après décennie.
Sa production artistique est mise en perspective avec celles des avant-gardes artistiques qu’il a pu côtoyer ou avec lesquelles il a travaillé, du Douanier Rousseau à Pablo Picasso, de Félix Vallotton à Léopold Survage, ou encore de Valentine Hugo à Christian Bérard. Et par ailleurs, si l’exposition rend hommage à Jean Hugo pour le quarantième anniversaire de sa disparition, cet anniversaire fait également écho au centenaire du « Manifeste du surréalisme » et préfigure l’exposition de rentrée du Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou à Paris.

 

L’exposition, au travers d’un parcours en cinq chapitres, met en évidence les différents moments de la vie et carrière de Jean Hugo jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Né dans une famille prestigieuse en 1894, l’artiste sut développer au cœur de ses héritages une vision du monde tout à fait unique qui donne encore à voir aujourd’hui la possibilité de l’émerveillement. L’arrière-petit-fils de Victor Hugo nourri par les arts et la littérature, va créer à son tour sa propre constellation au cœur des avant-gardes, qui croisent tous les arts pour imaginer un nouveau monde : Picasso, Cocteau, Bérard/Kochno… Ainsi, l’exposition témoigne aussi du bouillonnement artistique du Paris des Années folles où, entre deux effroyables temps de guerre, comme une brèche, s’ouvre une période bénie qui permit à toute singularité de s’exprimer pleinement et simplement, celle de Jean Hugo et de toute l’intelligentsia côtoyée.

 

 

La scénographie est très présente mais très juste aussi et même nécessaire, d’où la véritable intelligence de Maud Martinot, sa conceptrice.
Le parcours de l’exposition s’articule autour d’une rotonde centrale, équivalence d’un salon des plus mondains qui propose des ouvertures vers chaque partie thématique où l’on peut aller se promener, glaner des informations, voir des œuvres, découvrir les différentes facettes du travail de l’artiste, croiser des artistes et des moments d’histoire. Un moment véritablement agréable que l’on peut aborder avec légèreté tout en n’étant pas, et de loin, superficiel. Un petit peu de l’insouciance des Années folles.

 

Musée Fabre, Montpellier (34)
« Jean Hugo, le regard magique », jusqu’au 13 octobre 2024

Notons, dans la région, deux expositions concomitantes, « Jean Hugo, entre ciel et terre » au musée Paul Valéry de Sète, qui célèbre l’attachement de l’artiste aux différents territoires traversés via son fort intérêt aux modes de représentation du paysage et « Jean Hugo, sa vie à Lunel de 1920 à 1984 » au musée Médard – musée du livre et patrimoine écrit – de Lunel, qui propose d’explorer dans les plus intimes détails le cocon créatif de l’artiste à Lunel : le mas de Fourques, où il vécut plus de soixante ans.

Musée Paul Valéry, Sète (34)
« Jean Hugo, entre ciel et terre », jusqu’au 13 octobre 2024

Musée Médard, Lunel (34)
« Jean Hugo, sa vie à Lunel de 1920 à 1984 », jusqu’au 22 septembre 2024