Montpellier Danse 2019, 1ère séquence, Rizzo, Gutierrez, Peeping Tom – Pince-moi, je rêve

 

Samedi 22 juin, 20 heures, Théâtre Jean-Claude Carrière, Domaine d’O

« une maison » de Christian Rizzo. Non, sa maison en fait, quoi qu’il en dise, soit le contenu du bâti et de son histoire et du cerveau aussi, dans son crâne, qui coiffe le tout – structure parcourue d’influx variants, réactivant parfois le centre de la mémoire.
Tout est là ou tout revient, de loin voire très loin. Tout ce qui hantait les œuvres passées – mouvements, gestes, silhouettes, accessoires et figures.
Il dit avoir envisagé une construction à l’envers. Inversion ou rewind ? Déterrer la mémoire pour mieux l’enfouir ? Se départir de ses histoires et réinitialiser son disque dur ou, cérémonie supplémentaire à célébrer une nuit de la pleine lune prochaine et les fois suivantes, à l’instar du « mois des fantômes », réactivé rituellement et festivement une fois l’an à Taïwan, comme il nous l’expliquait ?
À venir, début ou recommencement ? Et s’il était vain de répondre. Vanitas, vanitatum…

 

 

Dimanche 23 juin, 17 heures, Studio Bagouet, ICI – CCN de Montpellier

This Bridge Called My Ass
, en première française, de et avec Miguel Gutierrez. Cela vient de New York, assurément, et de cette année, sans aucun doute.
Ce sont des corps, morphotypes animés, parfois éclairés, d’autres fois dessinés, par des lumières d’enseignes de commerces around the corner, la chaleur et son ventilo, des musiques, toutes les musiques, les mots des télénovelas et le jeu qui va avec – incontournables clichés d’une double culture, queer et latino, clairement et donc fièrement exhibés, exempts des usuelles protectrices private joke de quelconque degré – que Miguel Gutierrez nous invite à approcher, sur un plateau où les actions seront décentrées jusqu’à l’antinorme.
Présenter et représenter « tout ça », soit, faire œuvre, ne peut être que travailler le baroque.
Comment des étoffes – matières et acidité des tons choisis – en attente, feront drapés, comment des corps se dénuderont sous lumière crue ou en ombres caravagesques et comment des groupes feront masse où on ne saura plus à qui est le bras, à qui est le sexe et comment lorsque l’on tombe, on chute, c’est à dire en beauté.

 

 


La terrasse VVIP du festival. Aucun badge n’y donne accès.

 

 

Dimanche 23 juin, 22 heures, Théâtre de l’Agora, nous étions entre Giselle et Jocelyne.
Cette année Emanuel Gat n’est pas programmé ; Amala Dianor, un de ses ex-interprètes, le représente.

 

 

 

Lundi 24 juin, 20 heures, Opéra Berlioz, Corum

31 rue Vandenbranden  de Gabriela Carrizo et Franck Chartier / Peeping Tom par le Ballet de l’Opéra de Lyon.
Réussi car audacieusement décomplexé, à la flamande. Pas de crainte de tous effets et ils sont magiquement dosés, pluie et neige pour les éléments, plein jour et crépuscule pour les lumières, les références ne sont pas allusions mais citations, tant en musique qu’en cinéma, quand un corps flotte, il lévite, quand il disparaît on ne le voit plus, si violence il y a, ça saigne, et quand la danse est là, elle est d’une performante virtuosité. Et puis keep cool, c’est un conte, l’hyperréalisme en témoigne.
Pour qui n’a vu la chose : un mobil-home de Bagdad Café  téléporté au pays des jumelles de Shining  d’où en sort Olive Oyl et son formidable port de tête, fière jusqu’à faire le pont avec son cou. Fantastique, c’est bien le genre je crois.

 

Jean-Paul Guarino