Festival Montpellier Danse 2017, bilans, and the winner is – Jean-Paul Guarino

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Fin de Festival ce soir vendredi 7 juillet et donc temps des bilans, l’officiel et le nôtre.
Un bilan ce n’est pas que des chiffres mais ceux annoncés sont des plus satisfaisants, pour l’administration comme pour Jean-Paul Montanari, rendant compte des recettes propres soit la billetterie, du taux de fréquentation des salles mais du nombre aussi de journalistes et professionnels. Ces derniers étant là car le Festival, encore et toujours j’espère, s’engage dans des créations et donc des co-productions, 16 cette année.
Nous avons été sensible aussi aux rencontres lors de la bonne douzaine de « Leçons de danse » données dans la ville et au programme cinéma, dense et travaillé, regroupant une cinquantaine de films projetés Salle Béjart.
Un bon festival, assurément et avec, en prime, un quelque chose de détendu voire cool dans l’air. Et si l’absence de thème n’amenait pas de la légèreté ou plus d’espace dans un cadre moins limité et moins excluant donc, dans l’idée de certains. Bref, un peu d’air. Attention alors à ne pas faire du fil rouge, annoncé pour l’édition 2018, une frontière. Il y sera d’ailleurs question de transgenre, mais parce que les artistes concernés sont de qualité – Phia Menard, Sorour Darabi et Paula Pi – mais pas uniquement puisque ont été cités, pêle-mêle, le Nederlands Dans Theater et Crystal Pite, Anne Teresa De Keersmaeker et une collaboration pour la moins inédite la Batsheva Dance Company / Marlene Monteiro Freitas. Donc, nous reviendrons, tous.
Jean-Paul Montanari a également évoqué La saison Montpellier Danse à venir ; l’occasion surtout de nous dire qu’il était « chagriné, et même plus, du départ de Rodrigo Garcia  » de Montpellier. Et nous donc !

 

Fin de Festival et temps aussi de pensées qu’il faudrait peut-être tenter de creuser et de mieux formuler puisqu’elles ont réussi à s’incruster.

 

Je repense à Daniel Linehan et comment ça ne déraille pas d’un millimètre, comment le type sait ce qu’il veut, aime conter, se défend de conceptualiser mais intellectualise, qui est dans le package à savoir que c’est un mix de tout, inédit, qui apparaît ou rien, ne se privant pas d’un lyrisme tendance néo, bref, avec la pleine responsabilité de faire spectacle, fait du nouveau.
Du nouveau, comme il peut en apparaître en Occident, où on peut penser l’art pour l’art et ce n’est pas facile et là je repense aux jeunes gens, libres de tout instinct, natifs de contrées en souffrance et qui pensent la scène comme lieu de témoignage et de militantisme. Et là aussi, pas facile de faire œuvre. Nous en avons malheureusement eu des preuves.

 

Retour à mardi dernier, la température ambiante est là pour nous rappeler que nous sommes bien à l’Opéra Berlioz du Corum à Montpellier et non à la patinoire de Courmayeur Mont Blanc.
Sur scène déboulent 3 sylphides en tunique bleue, chignonnées avec petit brillant à l’oreille, accompagnées de 3 garçons torse nu, en caleçon long légèrement molletonné. Si le paquet n’est pas arrogant, le collier de chien en strass, lui, pète de tous ses feux ; nous parlons bien des danseurs. Derrière, en décor, du vent dans les voiles. Les garçons ont plus de pectoraux que les filles de poitrine, et ça pointe, et ça pique, ça pirouette, ça axelle et ça doubleaxelle, bref ça se tourne autour pendant 30 minutes sans se regarder puis chacun attrape sa chacune, la soulève, la porte et sort ainsi chargé de scène comme s’il allait ranger la chose. Une deuxième pièce suivit puis un entracte et rebelote pour 2 ballets puis final, et que je te bise et te rebise. Une journée et une soirée à se la claquer et se féliciter sous l’objectif constant d’une caméra plus intrusive que celle de Keshishian dans In Bed with Madonna. Un vrai Barnum. Hans van Manen bat Canales à plate couture.

 

Pendant que les garçons du Dutch National Ballet éclipsent leurs frêles partenaires, on a le temps de penser. Penser à Merzouki, même.
Au match d’une danse triomphante, les formes contemporaines n’arrivent à accéder à la finale qui oppose, à moins qu’elle ne réunisse, le néoclassique et le hip-hop.
Au remplissage des salles, à l’applaudimètre et standing ovation, égalité des 2 camps.
Au savoir-faire et en sa démonstration, 2 à 2.
Meilleure lumière théâtralisante et meilleure musique d’accompagnement, égalité encore.
Décor technologisant, 1 point pour le hip-hop mais 1 point pour le néoclassique et ses costumes seyants.
Les deux formes sont victorieuses et raflent tous les points et dans les deux cas, ni tension ni polémiques puisque tout le monde voit la même chose. Mais tout le monde ça fait du monde. La majorité, si elle vote, l’emportera, écrasant un élitisme fantasmé et son « n’importe quoi ». Tant que l’art restera inquantifiable, les formes perdantes ne seront pas vaincues pour autant.

 

Lucinda Childs avec « Dance » étant évidemment hors concours, the winner is…
Au temps des récompenses, la fresque est à l’honneur et le jury n’a pu en départager ses deux sens. En référence à la tonalité montanarienne de cette édition, le trophée, le Bigarreau d’or, est donc attribué ex æquo à Marlene Monteiro Freitas pour « Bacchantes » et à David Wampach pour « Endo ».

 

Jean-Paul Guarino