Nous avions vu, il y a 3 ans à hTh, Miet Warlop dans « Mystery Magnet » où elle construisait – dans un registre loufoque mais acide – une fresque progressive au gré des matières et de ses propres interprètes.
Cette fois-ci – c’était du 25 au 28 avril – avec « Fruits of Labor » la performance tenait à la fois du concert pop-rock et de l’installation vivante, évoluant autour d’une batterie dont la rythmique dominait la bande son. Ces sons et les images créaient des paysages grâce à des pulsations et des motifs des plus riches. De nombreux coups retentirent à contretemps, tandis que des scènes défilèrent et défièrent leurs limitations physiques. Le spectacle traita de physique, des lois de la gravitation qui influencent nos vies et des différentes manières dont nous rechercherions le parfait équilibre.
Pulsé, ce réjouissant délire, pas si fou qu’il n’en avait l’air, fut empli de références picturales mais aussi de plaisirs partagés tant sur le plateau que dans la salle jusqu’à une certaine jubilation mixée d’optimisme.
Au sortir de la salle, et si l’on tentait d’être juste Humain, pouvait-on se dire.
Rien que pour ce printemps, nous nous devons, par avance, de remercier Rodrigo Garcia pour son épatante programmation et nous ne manquerons pas de retrouver, les 4 et 5 mai, le jeune danseur et chorégraphe flamand Jan Martens que nous avions découvert dans le cadre d’actoral Montpellier 2016, déjà à hTh, où il présentait « Ode to the Attempt » un solo-autoportrait, riche d’humour, d’autodérision et d’intelligence.
Cette fois-ci, dans « The Dog Days are Over », il dirige huit danseurs-performeurs se livrant à un geste unique : le saut.
Cette performance physique et collective, particulièrement intense, est caractéristique de son travail et la pièce tente de révéler « la personne derrière le danseur ». Pour y parvenir, Jan Martens a conçu une chorégraphie très complexe, mathématique, dynamique et épuisante, interprétée quasi entièrement à l’unisson. Le degré de difficulté de la chorégraphie est tel que les danseurs finiront par se tromper. C’est à ce moment-là que « le masque tombe ». L’œuvre est une guerre d’usure physique dans laquelle le danseur est défini comme une espèce désœuvrée et purement exécutive, qui s’efforce d’atteindre la perfection.
« Pour moi, les aspects politiques de cette pièce sont liés à l’empathie entre les humains, à notre responsabilité à tous, et bien sûr à la force d’un groupe qui regarde dans la même direction. Et, bien sûr, le retour au fondamental : le corps. »
Nous voulons voir ça, assurément !
Puis du 16 au 18 mai, hTh accueillera le collectif anglo-allemand Gob Squad avant le retour très attendu de Philippe Quesne dans « La Nuit des taupes (Welcome to Caveland !) » les 24 et 25 mai.
Ce n’est pas un scoop, mais, bien joli mois que le mois de mai.
Jean-Paul Guarino