Conférence de Presse – Présentation du Festival Montpellier Danse 2015

Plus exactement, Conférence de Presse de présentation de MD#35, puisqu’il en a été décidé ainsi.
MDR, Google, à cette heure, renvoie sur du yachting et des objectifs photo si on tape ce nouvel acronyme.

 

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Rituel annuel et timing respectés. Mardi 10 mars, 11 heures, salle Marianne à l’Hôtel de Montpellier Métropole, Festival Montpellier Danse 2015, Top départ !
La nouvelle identité visuelle vient juste d’être mise en place boulevard Louis Blanc sur la façade de l’Agora que l’on se retrouve avec le dossier de presse entre les mains et que dans la minute qui suivra le site réactualisé de Montpellier Danse présentera la programmation de cette 35e édition.
Ces dispositifs hyper-professionnels, respectables et nécessaires, ont néanmoins quelque chose de glaçant, désincarné jusqu’à en oublier le corps de l’artiste à la table de ceux qui prendront la parole et à le faire disparaître de l’affiche. Mais pourquoi pas, le corps n’est qu’un outil, le sujet étant l’œuvre. Jean-Paul Montanari le pense et l’on y souscrit aussi mais pour revenir à l’affiche, elle, elle ne le dit pas.

 

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En guise de programme, le festival est à la une d’un simili magazine de comm, mais tout de même orné de sa frise indestructible de logos, qui se nomme MD#35. Le raccourci – transformant Montpellier Danse en MD – permettra de communiquer encore de plus en plus vite tout en évitant de perdre trop des 140 signes restrictifs de Twitter… On a surtout réfléchi dans les bureaux à ce que le visuel ne devait pas renvoyer. Un visuel par élimination. Un cliché de plagiats d’objets gonflables de Jeff Koons. Qui connaît Koons pourra penser à l’art, mais pas le meilleur, et qui ne le connaît pas ne sera pas effrayé ni par l’art ni par la dansecontemporainec’estn’importequoi et pensera à la plage et à ses jeux. Rien de grave, ce n’est que de la comm. Peut-être du coup, ne pas réfléchir autant et confier la chose à un artiste. Un bon, cela s’entend.

Philippe Saurel prend le micro. Le ton est calme, assuré, et rassurant pour certains. Lorsqu’il reprendra la parole, après la présentation du programme par un Jean-Paul Montanari très raisonnable, le président de la Métropole sera, lui, des plus raisonnés. Josianne Collerais, Déléguée à la culture à la Région, semblait perdue, comme parachutée.
Quand viendra son tour, Bernard Travier, Délégué à la culture à la Métropole, aura une parole politique émancipée à propos de la culture comme objet politicien puis des plus bienveillantes quand il s’agira, officiellement devant l’équipe de Montpellier Danse et devant nous, tous témoins, d’adouber Montanari en allié. La représentante de la Région était alors définitivement larguée à l’image des frontières moribondes du Languedoc-Roussillon.
Oui, Toulouse, Oh Toulouse, et le positionnement de la culturelle Montpellier – si 2 capitales sont espérées – animent l’énergie sereine mais combative d’un Philippe Saurel convaincant et qui dit avoir besoin de tout « sachant » dans ses troupes : « J’ai besoin de toi, Jean-Paul*. »
Mais comme il le disait après sa première prise de parole : « Ne mélangeons pas les genres et restons pour l’instant sur le sujet de cette conférence de presse, le Festival. »

Pas de thématique tirée par les cheveux, et c’est très bien ainsi, mais des œuvres de « tous genres ». Oui, c’est un festival et on l’a déjà dit, Montanari sait faire.
Il entame la présentation par un « point financier » ; c’est un programmateur mais aussi un directeur aussi les chiffres sont donnés et il tient à ce que soit rapporté que son festival est un vrai festival : non un rendez-vous d’invitations mais la période de cristallisation d’un accompagnement de créations. 14 pour cette édition. C’est bien la preuve qu’il est toujours au travail même si son vague à l’âme ne décolle pas de ses basques.

« Il y a une perte de force du discours de la danse sur le monde. Mais la danse n’est pas la seule. Comme d’autres arts, elle est peut-être désemparée devant le monde tel qu’il va… » dit-il dans le tout nouveau programme.
Après la fin des utopies, l’enjeu du contemporain est de travailler le présent. Aussi la danse, comme d’autres arts, ne discourt pas et plus sur le monde mais nous permet de VOIR le monde.
Avec cette même fin des utopies disparut la Masse que les Dirigeants baptisèrent alors Public. Il y a déjà une douzaine d’années, alors que l’on n’arrivait pas à définir clairement ce public et ses attentes, les communicants multiplièrent les cibles en le décloisonnant au pluriel, en Publics donc.
Entre-temps l’individualisme avait fait son chemin et s’adresser à plus d’un c’est désormais s’adresser à chacun.
Si nous sommes tous l’un, les artistes le sont aussi et ce sont ceux qui l’affirment fortement qui nous éclairent, de par leur particularisme, et ne sont pas désemparés devant le monde tel qu’il EST.

Voilà pourquoi nous irons voir, ces curiosités annoncées que sont la rencontre du kathak et du flamenco avec Akram Khan et Israel Galvan, la force étrange de Phia Ménard et le mix saugrenu du new-yorkais Trajal Harrel convoquant les esprits de Dominique Bagouet et de Hijikata.

 

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Nous irons au Corum et sans nous faire prier, en tous cas pour voir les œuvres de cette grande chorégraphe qu’est Anne-Teresa de Keersmaeker et de l’immense Maguy Marin.
Oui, retour au Corum. That’s life, les années se suivent et se contredisent : pas moins de 9 soirées y sont prévues cette année, ou comment augmenter la part des recettes et donc fonds propres du budget d’une manifestation toujours bien financée mais qui n’est pas épargnée par une diminution généralisée des dotations.
Nous irons voir aussi les deux seuls spectacles qui seront donnés au Studio Bagouet. Celui de David Wampach et celui de Christian Rizzo et c’est la moindre des choses pour celui-ci, gérant qu’il est, à ce jour, de cette salle mythique du Centre chorégraphique qui fut autrefois lieu d’expérimentation mais aussi de découvertes où se bousculaient professionnels et journalistes. A l’évocation de Christian Rizzo, Jean-Paul Montanari annonça qu’il occuperait une place de choix dans le programme 2016, ravivant, une nouvelle fois et avec malice, le poids du temps qui passe, l’avenir et la fin des haricots.

* Montanari, pas moi…

 

Jean-Paul Guarino

 

 

Festival Montpellier Danse
24 juin – 9 juillet 2015
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