Vendredi 24 mars 2023, 11h30, Salle Béjart à l’Agora de Montpellier où après des prises de paroles, méprisantes d’infantilisation, et dites politiques, comme si on attendait ce moment annuel pour tout apprendre de l’état du Monde, était présenté l’édition 43 du Festival Montpellier Danse qui se déroulera du 20 juin au 4 juillet 2023.
Rayon dates, annonçons aussi celles, juste avant, du Printemps des Comédiens à Montpellier – du 1er au 21 juin – et celles, juste après, du proche Festival d’Avignon – du 5 au 25 juillet. Autre moment phare, versant art contemporain qui, lui, durera tout l’été, dès le 9 mai, la célébration des 30 ans de Carré d’Art à Nîmes avec une monstrueuse programmation mise en place par Jean-Marc Prevost, directeur du musée, en et hors les murs.
Ici c’est Jean-Paul Montanari qui officie et qui pense une programmation nourrie, depuis de nombreuses années déjà, de nostalgie avec une pointe de fatalisme oriental ou, pour le moins, teintée de la valeur du temps qui passe. Cette année, plus que tout autre, l’axe de la pensée en devient le sujet.
Qu’en dire, qu’en penser, qu’en faire ? Au terme, entre autres, des 11 créations et 7 reprises que compte cette édition peut-être pourrons-nous jauger la puissance de la mémoire.
Nous entrerons, le 20 juin, dès l’entame du festival, de plain-pied entre hier et aujourd’hui, à savoir au sein d’une trilogie d’Angelin Preljocaj faite d’une création prise en tenailles de 2 reprises, « Annonciation » et « Noces », et finirons le 4 juillet, avec la célébration du fondateur de la danse à Montpellier et de son Festival, Dominique Bagouet, avec une reprise de « Déserts d’amour ». Toute la tragi-comédie du jeu des mots et du Monde en un titre.
Beaucoup de choses à voir entre ces 2 dates bien évidemment. En vrac, même si le terme est des plus triviaux, et entre autres, Sharon Eyal, Mathilde Monnier, Boris Charmatz et Dimitri Chamblas, Dalila Belaza, David Wampach et son superbe « Algeria Alegria » et l’historique « Palermo Palermo » de Pina Bausch.
Notons, le vendredi 30 juin dans la cour de l’Agora, en entrée libre, un modeste moment mais fort riche de sens. Taoufiq Izeddiou interprétera « Danse Nord », le solo-héritage créé par Susan Buirge pour Bernardo Montet en 2000 à Montpellier Danse. Ce dernier avait pour mission de transmettre cette chorégraphie à un danseur. Il a choisi Taoufiq Izeddiou qui, lui aussi, devra le transmettre à un autre interprète à l’avenir.
Transmission ! Avenir ! Agora ! Houlala ! Tout le sujet de clôture de la conférence de presse ou, après 40 ans de direction, comment quitter le navire sans en abandonner la barre ?
Avant la transmission, la transformation s’imposera. Comment projeter dans l’avenir l’Agora, son théâtre, ses bâtiments et son équipe, le Festival et son histoire et comment ne pas inclure dans toute projection le Centre chorégraphique attenant dont le contrat du directeur prendra fin en 2024 ? Avant tout nouveau recrutement, l’urgence de penser ou repenser cet écosystème – le terme plait localement – s’impose. Boris Charmatz y avait déjà sérieusement réfléchi. En tant que nouveau directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch mais aussi en tant qu’invité dans la programmation de ce festival 2023, il sera présent dans les murs cet été. Une parfaite occasion d’en reparler.
Jean-Paul Guarino
Le programme complet du Festival sur https://www.montpellierdanse.com/programmes