Conférence de presse de Philippe Saurel du mardi 10 février 2015 – La Panacée, Montpellier

 

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Invitation était lancée ce mardi 10 février à 10h30 à une conférence de presse de Philippe Saurel, Maire de Montpellier et Président de Montpellier Agglomération (sic, sur le carton d’invitation) pour la présentation de la programmation 2015 des lieux d’art municipaux et un avant-goût de la prochaine ZAT.

La rencontre a lieu à l’heure dite à La Panacée. Ben oui, c’est un lieu municipal, et sur l’estrade, Philippe Saurel, par sa présence et le kit drapeaux/logo le confirme, avec à sa gauche Jean-Paul Montanari et à sa droite Cédric de Saint-Jouan, que l’on entendra peu, et Anaïs Danon, encore moins, éludant une seule question venant de l’auditoire. Celui-ci est venu nombreux ; nous ne savions pas que les arts visuels intéressaient autant de monde…

Le thème des programmations est respecté :
– La Panacée, avec sa double direction – Franck Bauchard, absent ce jour, et Anaïs Danon – continuera sa programmation avec les arts numériques et les écritures contemporaines comme axes centraux mais accueillera aussi 3 événements montpelliérains déjà existants : Tropismes, les Boutographies et le Salon du dessin même si pour ce dernier rien n’est moins sûr mais le Maire l’ignore encore. Pas de scoop, nous avions déjà appris tout cela lors de la conférence de presse du 15 octobre dernier.
– 2 expositions à venir au Carré Ste Anne dont l’une, sous la houlette des Amis du Musée Fabre, qui, après Shiota proposent Vasconcelos. S’ils en avaient les moyens, pour creuser le démagogique pan du spectaculaire bien creux de sens, ils inviteraient certainement Koons et Murakami…
– L’espace Bagouet conserve son rôle « local » (José Sales-Albella et Patrice Palacio y sont programmés), et le Pavillon Populaire, protégé par le professionnalisme de son directeur, Gilles Mora, continue à écrire son histoire avec « La vie en Kodak » qui démarrera fin mars.

Mais avant de revenir sur La Panacée et les questions de la salle, mentionnons la parole donnée à Jean-Paul Montanari, et dont on ne se lasse pas.
Ce dernier, hors ses murs ce jour-là, fit néanmoins, à défaut de ses habituels shows, un sketch mutin.
C’est plus fort que lui.
Visant au plus juste, il demanda à la salle si nous savions où se situait Les Grisettes, quartier d’accueil de la prochaine ZAT dont il est le superviseur. Ben non, nous ne savions pas, ne faisant pas, pour notre part, de virées électoralistes. La description du voyage en terre inconnue de Jean-Paul Montanari fut des plus succulentes. Il y aurait « … des arbres… quelque chose un peu comme un terrain vague… des immeubles modernes ». « C’est plutôt rigolo » ajoutait-il. Manquait la rencontre, avec interprète, des autochtones !
Quant au contenu de cette ZAT – ou quoi que ce soit – il sait faire. Le programme dévoilé dans quelques jours saura répondre aux attentes, même si on ne sait pas trop de qui.
Au passage, quand il fut question, plus tard, des diminutions de tous les budgets municipaux, culture comprise, en suite à la baisse des dotations de l’État aux collectivités territoriales, personne ne demanda si les coûts était toujours aussi exorbitants pour ces « fêtes ».

Donc les questions de la salle – outre celles sur Cinémed, Internationales de la guitare et Rendez-vous Technos dont les réponses étaient prévisibles –  concernaient principalement la situation de La Panacée et sous-entendant des soupçons sur la mise à l’écart de l’ex-directrice du service Culture de la Ville.
Philippe Saurel, une fois de plus et à juste titre, resta sur le factuel.
Oui, La Panacée est un lieu municipal avec sa propre direction et sa propre programmation. Oui, en tant que lieu municipal il se doit de remplir pleinement son rôle et oui, tout en restant un outil, si elle en a le besoin, de la municipalité – à l’image du Pavillon Populaire qui accueillit un temps les Boutographies. Si ce dernier, avec une programmation de qualité et faisant autorité nationalement est parvenu, par le travail, à s’émanciper de son statut de lieu municipal et de ce genre de mission, à La Panacée d’en faire autant dans l’avenir.
Étonnant tout de même, le doute de certains journalistes sur les raisons de la mise à l’écart de l’ex-directrice de la Culture. Philippe Saurel fut clair encore en répétant qu’aucun service, tout comme aucun lieu, n’est une « république libre » mais au service du politique. Nombre d’exemples « à la limite de la faute professionnelle » furent énumérés et d’autres faits comme l’existence d’un service communication au sein du service Culture squeezant la direction officielle de la communication font encore jour récemment. Il suffisait de questionner certaines associations issues de tous champs culturels pour apprendre qu’ils souffrirent aussi, sous cette direction, d’un autoritarisme fort, doublé d’un interventionnisme déplacé. Il semblerait que des scories en persistent encore.

Si des questions saugrenues espérant des réponses qui feraient du buzz comme « l’assassinat » programmé de quelques homards lassèrent l’assistance (en référence au prochain spectacle de Rodrigo Garcia à hTh), d’autres ne furent pas posées, comme celle de la structuration ou restructuration dorénavant du service Culture de la Ville. Philippe Saurel, de lui-même, annonça réfléchir à un regroupement de ce service avec celui de la Métropole. L’annonce fut faite aussi du transfert de rattachement de La Panacée de la Ville à cette même Métropole.
Nous sommes ici au-delà de la simple décision mais au plus près d’un réel symptôme non sans lien avec les problèmes précédemment évoqués : lorsque les équipes artistiques sont faibles ou affaiblies, les équipes administratives, de par le statut de « régie direct » des lieux, s’autorisent une ingérence incongrue sans, en plus, savoir et savoir-faire. On pourrait en conclure que le service Culture de la Métropole semble le plus sûr au regard du Maire. Nous sommes convaincus que l’État, plus présent dans ces structures et avec un rôle précisément défini, pourrait, en apportant son expertise et ses compétences, être allié, force de propositions et sentinelle de toute dérive. Pour l’instant et pour la Culture, tout comme le reste à la Ville, tout est orchestré par le Maire même si une pleine confiance est justement accordée au sérieux Jean-Paul Dayre, resté assis et discret au premier rang de l’assistance toute cette matinée. Et nous on aime les hommes de l’ombre.

Jean-Paul Guarino