« Brother » de Marco da Silva Ferreira – Saison Montpellier Danse à La Vignette, Montpellier

 

 

Complet, le second soir aussi, ce mercredi 16 octobre, pour « Brother », premier spectacle très attendu de la Saison Montpellier Danse co-accueilli par ICI-CCN de Montpellier et le théâtre universitaire La Vignette où furent données les deux représentations.

C’est depuis les fauteuils rouge old style – je ne m’y ferai jamais – de cette salle, que l’on découvrait la pièce, créée en 2017, de Marco da Silva Ferreira, nouvelle coqueluche portugaise de la danse contemporaine, annoncé même, par certains, chef de file d’une nouvelle avant-garde. Le désir frénétique de « nouveau et donc oui nous sommes toujours vivants » balance tout jeune artiste un tantinet singulier en espoir à suivre aveuglément. Nous avons eu un autre exemple très récemment encore. Et même déception. Pas tant de ce qu’ils fabriquent mais de ce que l’on nous promet.

Ça commence par une « ouverture », on peut déjà imaginer que ça se terminera par un « final » ; dur ainsi de pronostiquer la moindre surprise entre-temps. Un danseur seul donc pour débuter en mode échauffement avant de pénétrer la jungle de la danse. 2 filles et 4 garçons le rejoindront pour faire parfois groupe parfois solo ou duo et d’autres fois troupe ; toutes les combinaisons seront testées.
Ça se regarde et ça s’épie même, ça se croise jusqu’à se rencontrer, ça balette  et ça défile aussi, tout en mouvements d’une danse qui se construit en déconstruisant les très nombreuses références et influences citées et égrenées. Et ça ratisse large, de la street dance à la tap dance, jusqu’à celle du ventre.
Toutes les mécaniques, intuitivement disséquées, sont mises à nu, mises à plat, comme incantations pour naissance d’un nouveau folklore. Si la partition est bien écrite, la dramaturgie est définitivement absente. Le collage de maintes sorties de résidence et autres trouvailles en studio est flagrant et cette addition ne peut faire qu’un.
La fameuse « énergie », qui serait apanage de la jeunesse et si chère à un certain public qui exige sueur en monnaie d’échange, n’arrive à masquer l’immaturité des tentatives d’hybridation des diverses appropriations et les endorphines dégagées ne contamineront pas la salle entière.
On passera sur les costumes et les lumières qui sont supposés pourtant être habituellement indices d’une pensée, même puérile, mais on aura du mal à oublier le rideau de fond de scène et les pendrillons à moins de les imaginer éléments de castelet.

Ça avait commencé sans son et sans bruit, ça se termine dans le crépuscule jusqu’à l’obscurité totale. Et entre-temps donc ? Euh, 1 heure.

 

Jean-Paul Guarino