Biennale de Lyon 2015 – Ralph Rugoff, commissaire invité

UNE NOUVELLE TRILOGIE

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Thierry Raspail, Directeur artistique de la Biennale de Lyon ouvre une nouvelle trilogie 2015-2019. Autour du mot « moderne ».

Presque une histoire
Après avoir assuré le co-commissariat des trois premières Biennales de 1991/95, je propose depuis, aux commissaires que j’invite, de réfléchir à un mot qui synthétise pour moi l’actualité artistique du moment. Ce mot vaut pour trois éditions et compose la trame d’une trilogie d’une durée de six ans. Par conséquent, c’est un long moment que l’on parcourt… c’est déjà presque une histoire…

Moderne
Pour 2015 et jusqu’en 2019, j’ai choisi de cheminer avec « moderne », substantif et qualificatif. Moderne n’est pas modernisme et n’est pas non plus modernité, mais il (ou elle) peut les contenir, les happer ou les exprimer. Et nous savons parfaitement et ce depuis longtemps, depuis Rimbaud au moins, qu’ « il faut être absolument moderne ».
Aujourd’hui, tout est désormais moderne : le néo-modernisme qui sévit dans les arts visuels comme le vintage qui charme le design ou encore le « re-enactment » qui fait de l’histoire un subjectif présent. On a écrit l’anthropologie des Modernes au pluriel (Bruno Latour), dès lors il nous reste le singulier.
Y a-t-il une singularité du moderne ? Quel est son « mode d’existence » quand il s’agit d’art ?
Le pré, le post, l’hyper, l’alter, l’anti sont indéfectiblement modernes aujourd’hui. Pourtant, le moderne au temps des avant-gardes distinguait « le domaine d’élection » de l’artiste, des terrains vagues qui l’entouraient. Depuis, le moderne tardif – avec le postmoderne – a découvert le flux, l’hybride, le bricolage en même temps que les cultures subalternes, le vernaculaire, et l’Autre. Le moderne a tenté vainement de se « défaire » de l’occidentalocentrisme qui pourtant l’a créé, tandis que l’Afrique, la Chine, l’Inde, pour faire vite, l’acceptaient et l’élargissaient… Et voici que pointe maintenant un folkmoderne, un transmoderne…
Puisque l’interconnectivité a supprimé « la discordance des temps » chère à l’historiographie classique, il n’y a désormais plus qu’une époque, moderne, qui règne à l’échelle de la planète. Nous essaierons d’en clarifier les diffractions, d’en mesurer l’impédance, d’en voir les failles et les dos d’âne.

Biennale 2015
J’ai confié le premier tome de cette trilogie moderne à Ralph Rugoff, commissaire de l’édition 2015. Il est inutile de préciser qu’il ne sera pas question de définir le (ou la) moderne, mais d’en rapporter l’expérience inédite dont les artistes créent l’histoire.

Thierry Raspail, Directeur artistique de la Biennale de Lyon 

LE COMMISSARIAT 2015

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Ralph Rugoff, commissaire de la Biennale de Lyon 2015

Ralph Rugoff est directeur de la Hayward Gallery à Londres. En poste depuis 2006, il y a assuré le commissariat de nombreuses expositions dont : Psycho Buildings: Artists Take On Architecture, The Painting of Modern Life, Invisible: Art About the Unseen, 1957-2012, et The Alternative Guide to the Universe, ainsi que des expositions monographiques consacrées à Ed Ruscha, George Condo, Jeremy Deller et Tracey Emin.
Entre 2000 et 2006, il a été directeur du Wattis Institute for Contemporary Art à San Francisco, où il a réalisé une douzaine d’expositions dont Baja to Vancouver, premier panorama d’artistes de la Côte Ouest de l’Amérique du Nord, aussi que des projets individuels d’artistes tels que Mike Kelley, Roni Horn, Thomas Hirschhorn, Ann Veronica Janssens, Mike Nelson…
Auparavant il a travaillé comme commissaire et critique indépendant, en réalisant des expositions à la Serpentine Gallery de Londres (The Greenhouse Effect, 2000) ou encore au Hammer Museum de Los Angeles (Scene of the Crime, 1996). Sa première exposition, Just Pathetic (1990-91) figure, selon Artforum, parmi les expositions les plus influentes de la décennie.
Côté écriture, Ralph Rugoff a contribué à des catalogues et à des livres consacrés à des artistes tels que David Hammons, Paul McCarthy, Luc Tuymans, Michel Blazy, Jean-Luc Mylayne, ou Jean Painlevé, le cineaste. Par ailleurs, il est l’auteur de Circus Americanus, un recueil d’essais sur la culture visuelle populaire et l’architecture. En 2005, il a remporté l’inaugural Ordway Prize for Criticism and Curating décerné par la Penny McCall Foundation aux États-Unis.
Il a été conseiller pour la Biennale de Sydney en 2002, et pour la Triennale de Turin en 2005. Plus récemment, il a participé en 2013 au jury du Turner Prize, et a fait partie en 2010 du comité de sélection du British Council pour la Biennale de Venise.