Bertrand Riou inaugure un nouvel espace pour le Centre d’Art Contemporain de Nîmes (30)

 

Après avoir occupé, en 2017, un ancien atelier proche du centre-ville et fonctionnant 3 ans, Le Centre d’Art Contemporain de Nîmes vécut hors les murs en 2020. Le voilà installé dans un nouvel espace légèrement excentré, dans un quartier considéré sensible appelé Pissevin, avec toujours à sa tête le très volontariste Bertrand Riou.

 

 

Jean-Paul Guarino : Vous inaugurez le cycle des expositions du tout nouvel espace du Centre avec une monographie, d’un jeune artiste des plus singuliers de surcroît, Léo Fourdrinier. Qu’est-ce que cela pourrait dire d’un nouveau commencement ?

Bertrand Riou : Inviter Léo Fourdrinier pour l’exposition inaugurale du Centre d’art a un double objectif : mettre en avant un artiste originaire de Nîmes et dévoiler un panel d’œuvres issues de cette jeune génération qui base sa pratique – inconsciemment ou non – en rapport avec l’époque anthropocène.
Les propositions de Léo touchent par ailleurs ici un grand nombre de médiums : sculpture, installation, photographie, vidéo… Je dirais donc que c’est un choix à la fois politique par ses origines territoriales mais aussi esthétique, car je suis son passionnant travail avec beaucoup d’attention depuis que nous nous sommes rencontrés début 2019 à l’excellente résidence GENERATOR du Centre d’Art Contemporain d’Intérêt National (CACIN) 40m Cube à Rennes.

À la suite de cette monographie suivront un duo show de Mazaccio & Drowilal, puis une exposition du Collectif In Extremis ; une exposition collective de peintres basés à Nîmes, Sète, Marseille et Bretagne ; un solo show d’Amalia Laurent puis de Samir Mougas, un group show de Figure Figure, et enfin une importante monographie sur le travail d’un ancien de Montpellier qui vit depuis 10 ans à Bruxelles : Sébastien Duranté. Tout cela sera ponctué d’évènements hors les murs, en lien ou non avec les expositions, qui se traduiront notamment par des wall drawings dans ces grands ensembles que sont les quartiers Pissevin et Valdegour, nouvelle implantation donc du CACN. Les premières fresques seront celles de Jimmy Richer que je n’ai plus besoin de présenter, et ensuite de Camille Castillon qui est une récente diplômée DNSEP de l’Esban – École supérieure des beaux-arts de Nîmes.

 

j.-P. G. : La singularité du premier artiste invité intrique et nous capte ; quid de la singularité du lieu ?

B. R. : En effet, le travail de Léo Fourdrinier est à l’image du projet CACN car le Centre d’art grandit avec ces artistes émergents, et brillants, qui sont à l’origine mes choix curatoriaux. C’est un plaisir de voir qu’ils en deviennent des ambassadeurs, qu’ils participent à sa pérennisation, à son histoire, à son identité.

 

j.-P. G. : Où en êtes-vous du Centre d’art en tant que titre et label du lieu, des financements et des différents accompagnements aussi ?

B. R. : Le CACN est dorénavant installé au sein d’un équipement municipal de la Ville de Nîmes. La Drac, la Région, le Département et la Métropole continuent eux aussi de nous suivre, avec une singulière augmentation de nos financements car le projet de Centre d’art se pérennise dans un quartier baptisé prioritaire, ainsi nous avons désormais également droit aux aides dites du « Contrat de Ville ».
Nous sommes en sus partenaire d’un réseau national de curators (C-E-A), de deux réseaux de médiateurs et chargés des publics (LMAC pour la région et BLA ! au niveau national), du réseau Air du Midi qui a un ancrage fort et un rayonnement puissant en Occitanie… et j’espère à partir de notre cinquième anniversaire (21 avril 2022) de DCA / Association française de développement des centres d’art contemporain. Nous allons postuler. J’avoue que c’est mon but, j’en serais évidemment très fier. Une magnifique étape de plus. En ce qui concerne le label CACIN qui est sorti à la fin du mandat de François Hollande on en est très loin ! Peut-être dans 10 ou 15 ans…
Je rappelle que la plupart des Centres d’art en France sont sous statut associatif (hors bien sûr les Centres d’art municipaux, régionaux, nationaux… qui pour certains ont par ailleurs commencé en association) et ont été créés de la même façon que j’ai co-fondé celui de Nîmes. J’ai pris exemple sur mes prédécesseurs. Je prépare par ailleurs une future thèse à ce sujet.
Enfin, si je me cantonne à Nîmes, l’accompagnement est aujourd’hui d’une bienveillance, d’une intelligence et d’une fluidité rares. Je m’explique : une nouvelle adjointe culture à la Mairie, Sophie Roulle, a débloqué notre situation et nous défend de la plus belle des manières, le directeur du Carré d’Art, Jean-Marc Prévost, a toujours un bon mot pour nous et a dernièrement recruté au musée Fabien Garcin en tant que responsable culturel qui est lui co-fondateur du CACN et actuellement le secrétaire de notre bureau. De plus, l’arrivée de Christian Debize à la direction de l’Esban a fait le plus grand bien à notre écosystème artistique, nos partenariats avec cette école sont de plus en plus naturels et resserrés. Pour finir, je suis heureux qu’en parallèle du Centre d’art qui jouit pour le moment d’une belle vitalité, ma structure a été instigatrice du projet PAMELA Artist-run space – nouvellement implanté vers le Jardin de la Fontaine –, et à partir de l’année prochaine de cette ambitieuse politique d’ateliers d’artistes mis à disposition par la Ville de Nîmes.

 

 

 

CACN – Centre d’Art Contemporain de Nîmes, Nîmes (30)
4 place Roger Bastide
La lune dans un œil et le soleil dans l’autre
Léo Fourdrinier
20 octobre 2021 – 19 février 2022
du mardi au samedi de 11h à 18h