Anne-Marie Schneider au Mrac à Sérignan ou le grand art de la solitude

 

 

Vite, l’exposition se termine le 10 mars.
Nous avons souvent rencontré deux ou trois dessins d’Anne-Marie Schneider lors d’expositions collectives sans jamais réussir à saisir pleinement les racines de ses traits. C’est une opportunité exceptionnelle qui nous est offerte de pouvoir traverser pleinement son œuvre, aussi puissante que, paradoxalement, les supports et techniques utilisés souvent bien fragiles.

L’exposition dont le titre, choisi par l’artiste, Le cercle est le monde, aux tonalités d’une rétrospective achronique, réunit fusain, encre et crayon qui font dessins, de toutes périodes, la couleur s’y jouant dans les années 90 jusqu’à devenir peinture à partir de 2008 et « met en évidence associations mentales et jeux de correspondances entre différents groupes de formes, objets et corps avec le cercle comme motif récurrent : visages, bulles ou sphères. »
La pudeur de l’artiste a soigneusement évité le crâne alors que l’œuvre, ombre de la femme en artiste tragi-comique, au-delà de la métaphore, use de paradoxes croisant les oxymores où la légèreté tutoie la gravité. Anne-Marie Schneider dit travailler avec « la conscience et l’inconscient en même temps ». Le trait n’a rien d’une naïveté enfantine mais est, en fait, témoignage d’une connexion directe main-cerveau, travaillée sans filtre.
Les œuvres, de qualité, nous font penser à d’autres, de qualité, d’autres artistes tout aussi singuliers ; à chacun, avec sa sensibilité, son savoir et son regard, de rejouer les associations, elles-mêmes suggérées par l’accrochage. Il est vrai que le fonds commun n’est que réflexion sur les contradictions inhérentes à la condition humaine. Nous voilà, fort heureusement, bien loin de tout wokisme ambiant des imbéciles même pas heureux.

 

 

Un duo « Sans titre, Vie » clôt notre traversée de l’œuvre, suprême Vanité des vanités, comme s’il fallait mettre les points, incandescents, sur les i.

Un nom à noter, Lucas Lemme, jeune scénographe issu du post-diplôme « Décors » de l’école d’art de Monaco – Pavillon Bosio, qui signe une scénographie subtilement pensée, à l’image de la cimaise colorée boisée de cette dernière salle, en rappel du ton et des dimensions des cimaises en suspension en pin qui ponctuent les espaces de l’exposition. Le commissariat, raffiné, est lui coassuré par Thierry Leviez, directeur de ce même Pavillon Bosio de Monaco, et Clément Nouet, directeur du Mrac.
Une très belle réussite offrant un grand et rare plaisir de spectateur.

 

Jean-Paul Guarino

 

 

Mrac – Musée régional d’art contemporain, Sérignan (34)


Le cercle est le monde
Anne-Marie Schneider
Commissariat de Thierry Leviez et Clément Nouet
jusqu’au 10 mars 2024

et
Cosa
Nouvel accrochage de la Collection avec nombre de nouveaux dépôts du Cnap, Paris
jusqu’en janvier 2025