Jan Martens à Avignon et ce qui nous attend à la rentrée

 

Jan Martens est chorégraphe et dramaturge, l’un et l’autre, et ça se voit et ça n’est pas courant. Et comment il se raconte une histoire sans nous la raconter ! Une fois les thèmes définis – politiques et générationnellement préoccupants avec la résistance à la normalité en fer de lance – et la musique choisie – musique folle de Henryk Gorecki, concerto pour clavecin et cordes opus 40, lancinante, répétitive, martelante et enragée – il n’est plus alors que question de danse. Une danse forcément elle aussi politique, tant engagée, martelante et enragée. Une danse par et pour un corps de ballet de 17 interprètes de tous âges et tous corps, auteurs aussi de leur vocabulaire et donc de leur langue. Chacun la sienne mais tous, prêts à se ranger en bataillon pour représenter fièrement ce qu’ils sont, une part de l’Humanité. Chacun sa route, chacun sa voie, sur une grille d’un solfège chorégraphique tracé au sol comme seul décor. Ils ne s’évitent pas mais ne se touchent pas, jamais, à aucun moment des 1 heure 40 que dure la pièce. Chacun existe grâce et par l’autre et c’est bien en restant soi, qu’uni aux autres, on devient famille. Parce qu’ils sont uniques, tous font groupe, tous font corps. Résister, ensemble, à la norme, c’est glorifier la diversité avec clameur des corps et leur inaltérable puissance.

Les éclairages, semblant simples, mais justes et raffinés, accompagnent et soulignent les mouvements et déplacements qui eux-mêmes surlignent cette musique insensée – déjà utilisée par Lucinda Childs pour son « Concerto » –, fresque monstrueuse de collusions entre du Philip Glass de Lucinda Childs justement, du Bach ou du Steve Reich de Anne Teresa de Keersmaeker et du Nino Rota de Fellini ! Direct tout ça, rien pour fioritures ou autre bla-bla. « Radical et accessible » dit-il, il y en a pour tout le monde en fait, sans démagogie mais en pleine démocratie. Ils étaient 17 et on crève d’aller rejoindre cette célébration d’un espoir de futur meilleur, nous retrouver des milliers, des millions, plus forts, puissants, prêts à tout.

C’était « any attempt will end in crushed bodies and shattered bones » de Jan Martens, créé à la Cour du lycée Saint-Joseph dans le cadre du Festival d’Avignon 2021.

 

Impossible de rater ce spectacle, d’Amsterdam en août 2021 à Londres en mai 2022, en passant entre temps par Genève, Porto, Toulouse, Charleroi, Anvers, Utrecht, Angers, Bruges, Oslo, Stockholm, Düsseldorf, Strasbourg, Barcelone, Orléans et Ibos.

La prochaine création de Jan Martens, « Elisabeth Gets Her Way », est un nouveau solo qu’il interprétera cet automne au sein du festival « Actoral » d’Hubert Colas à Marseille.
Les premières dates annoncées de tournée de cette pièce en France sont le 9 février 2022 aux Hivernales d’Avignon, le 22 mars au Grand Bain de Roubaix et le 9 avril à La Place de la danse à Toulouse.

 

Ce qui nous attend, en danse et théâtre

 

Lors de Montpellier Danse / la saison

les 7 et 8 octobre
au Théâtre la Vignette à Montpellier, « Records », une création inédite de Mathilde Monnier

les 13 et 14 octobre
à l’Opéra Comédie à Montpellier, pour ceux qui ne l’auraient pas vu lors du festival Montpellier Danse de 2020, mais aussi pour ceux qui voudront le revoir « So Schnell 1990-2020 » de Dominique Bagouet, parfaitement recréé par Catherine Legrand

les 16, 17 et 18 décembre
à l’Opéra Berlioz / Le Corum à Montpellier, « Vollmond (Pleine lune) » de la vénérée Pina Bausch par le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

les 25, 26 et 27 février
à l’Opéra Berlioz / Le Corum à Montpellier, « Somnole », solo de Boris Charmatz, qui fut créé pour le Festival d’Automne 2020

A ce propos et à Paris donc, après un week-end, gratuit et ouvert à tous – du 3 au 5 septembre – pour célébrer l’ouverture de la 50e édition anniversaire du Festival d’Automne, soit, 3 jours de théâtre, danse, musique, performance, projections et rencontres à l’Espace Cardin du Théâtre de la Ville ainsi qu’à la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, se déploiera l’éblouissante programmation de ce Festival.

 

Avec, en vrac et pas uniquement, les créations de Lia Rodrigues, Gisèle Vienne, Robert Wilson & Lucinda Childs, Guy Cassiers, Anne Teresa de Keersmaeker, Julien Gosselin, Marlene Monteiro Freitas, Christoph Marthaler et pour terminer, le décoiffant théâtre de tg STAN du 6 décembre 2021 au 15 janvier 2022 au Théâtre de la Bastille.
Notons que cette fameuse compagnie montrera 2 de ses pièces dans le programme du Théâtre Garonne de Toulouse qui a également invité Philippe Quesne, Camille Boitel et Emmanuelle Huynh, entre autres, dans sa saison 21-22.

Pour revenir à l’époustouflante programmation du Festival d’Automne, elle débutera le 3 septembre par une invitation faite au formidable collectif britannique Forced Entertainment de montrer 7 de leurs pièces. Nous nous souvenons alors de la glorieuse époque du Théâtre des 13 Vents à Montpellier, période « Humain trop Humain » de Rodrigo Garcia, où celui-ci nous avait déjà fait découvrir cette compagnie, tg STAN également, mais Jan Martens aussi, et d’autres…

 

Jean-Paul Guarino