Peter Friedl – immanquablement, à Carré d’Art, Nîmes

 

Une fois de plus à Carré d’Art à Nîmes, une exposition des plus réussies, sous le commissariat de Jean-Marc Prévost, nous permet d’appréhender la pensée de l’artiste invité tout en pénétrant graduellement l’univers des formes induites et leurs intelligences.

Peter Friedl travaille avec différents médias, genres et modes de présentation. En quête de nouveaux modèles de narration, ses projets explorent la construction de l’histoire et des concepts.
L’exposition Teatro – visible jusqu’au 1er mars 2020 – met en lumière son esthétique de l’intimité critique et s’articule autour des thèmes récurrents dans son travail : la modélisation, la langue, la traduction, la théâtralité.

 

A titre d’exemple, Rehousing (2012-2019) est composé de maquettes d’architecture, chacune déclinant des idées sur l’histoire et la politique, ainsi que reflétant des biographies et des idéologies singulières. Comme le dit Peter Friedl, ce sont « des études de cas sur la géographie mentale d’une modernité alternative ». On y trouve notamment la maison d’enfance de l’artiste en Autriche, la cabane de Martin Heidegger dans la Forêt-Noire, la résidence privée d’Ho Chi Minh à Hanoï, une case d’esclave sur la plantation Evergreen en Louisiane, l’ancien domicile de Winnie et Nelson Mandela à Soweto et un conteneur hébergeant des réfugiés dans un camp de Jordanie.

 

Chacune des 7 salles de l’exposition nous permet d’expérimenter les différentes traductions formelles de la pensée créatrice et politique de l’artiste.

Autre exemple, clôturant le parcours, et une des pièces maîtresses de l’exposition, est l’installation vidéo Report de 2016 – présentée pour la première fois à la documenta 14 de 2017. Sur la scène nue du Théâtre national d’Athènes, des acteurs d’horizons divers récitent des extraits de la nouvelle de Franz Kafka Compte rendu pour une académie dans leurs langues maternelles respectives ou une autre langue de leur choix. Les formes actuelles de migration et de diaspora trouvent un écho dans la parabole kafkaïenne sur l’assimilation et la mimésis. Cette œuvre d’une grande complexité cinématographique examine la porosité des frontières de la langue et de l’identité.

 

 

Peter Friedl, né en Autriche en 1960, vit et travaille à Berlin. Le MACBA de Barcelone, la Kunsthalle de Bâle et le Witte de With de Rotterdam lui ont consacré des expositions personnelles importantes. Il a participé aux documenta X, 12 et 14 et à des Biennales internationales comme celle de Sharjah en 2019. Avant Carré d’Art, la Kunsthalle de Vienne a accueilli l’exposition Teatro de mars à juin 2019.

 

 

Teatro
Peter Friedl
Commissaire : Jean-Marc Prévost
jusqu’au 1er mars 2020
Carré d’Art – Nîmes (30)