Opening Night. Ça n’aurait pas été Elle, même si on ne la reconnaît pas sauf quand elle met ses immenses lunettes noires et qu’on ne la voit alors presque plus, on serait parti au bout de 10 minutes.
Sa voix, belle et intacte, ne masque pas la faiblesse voire l’indigence de la construction de la pensée du metteur en scène et de sa pièce bâclée, lui-même enfumant le tout – ou le rien – d’un approximatif humour racoleur.
A la fin le public s’applaudit longuement, n’en croyant pas ses yeux d’avoir vu la star « en vrai ».
Contrairement à ce que pensaient la critique et un public dits conquis, Nobody en 2013, déjà, sonnait bien creux et n’était ni théâtre ni cinéma et encore moins « une nouvelle forme » mais plutôt un dispositif cache-misère, pour un regard coutumier des arts visuels.
Ni l’un ni l’autre mais l’un et l’autre… Si cela peut s’entendre en fine stratégie, il faut être plus que malin pour être convaincant. Que ce soit avec le théâtre et le cinéma comme avec la droite et la gauche, non ?
On pense, au début, être témoin de performance, pensant aussi à d’autres suisses tels Roman Signer et sa fascination tant pour l’eau que pour les explosions ou à Fischli & Weiss et leur Der Lauf der Dinge – Le cours des choses, en français.
On envisage ensuite être accueilli en prélude à un musical mais, si « la chose » tient du conte, au-delà d’un scénario, c’est à une partition, complexe en genres, que nous aurons affaire.
La composition musicale engendrera brume, brouillard, fumées et nuages. Entre allégorie et métaphore et entre état du Monde et notre propre état nous voguerons souvent et si, sur scène, il n’est pas question d’envisager de solutions, toutes les données sont néanmoins présentes et offertes.
L’atmosphère tinte enfantin et c’est pour mieux éluder toute dénonciation critique, car, plus profond qu’il n’y paraît, gentil même et bienveillant, le compositeur-metteur en scène travaillera un visuel pince-sans-rire, exigeant parfaite précision et ne cédant à aucune facilité.
Le quintette d’acteurs-chanteurs-musiciens l’aura essayé tout du long, et c’est à la fin que cinq ventilateurs y parviendront : nous et nuées, nous nous élevons.
La poétique ne peut être putassier comme peut l’être, parfois, le poétique. Thom Luz respecte son public, aussi. Les jours et les spectacles se suivent et ne se vous savez quoi.
Jean-Paul Guarino