7 juillet
BIT
Tu l’as vu ? Gégé répond C’est formidable.
Vingt premières minutes captivantes de célébration de l’Amour et quand on est aussi proche de l’art on est prêt à aller n’importe où. On résiste jusqu’à tenter de se mentir puis on abdique. Maguy Marin a décidé de nous emmener non pas vers des territoires à défricher mais vers l’Histoire. Que l’on connaît.
En suite à nombre de lourdes digressions narratives, la fin – attendue, dans tous les sens du terme – semblera même longue.
On le sait pourtant que le politique est dans l’esthétique et non dans la politique.
Je repense. Castellucci nous a atteint via l’ombilic au plus profond. VA Wölfl a activé « des choses » dont on ignorait l’existence.
La vision d’une artiste, aussi grande soit-elle, est bien moindre que la puissance révélatrice de tels autres qui augmentent la notre. Les deux sujet conviennent : notre vision comme notre puissance.
8 juillet
Golden Hours (As you like it)
L’expression est triviale mais c’est véritablement « finir en beauté ».
Cette fois-ci nous sommes bien d’accord avec Gégé.
Anne Teresa De Keersmaeker a créé un langage corporel des plus singuliers mêlant les modes d’expression de la geste à des regards rohmériens. Qui n’a pas vu ne peut imaginer et qui voit devra accepter qu’une langue puisse être étrangère avant de pouvoir l’entendre puis l’écouter. Alors les mots, projetés, de Shakespeare s’imposeront en compagnons à part entière et les interprètes – chacun avec sa propre picturale beauté et sa puissante présence –, maîtrisant leur rôle, maîtriseront le temps. Kenneth Branagh aurait pu en être. Outre les phrases des corps et les mots des mouvements, la grammaire n’a rien oublié. Ni la conjugaison des chants et des silences, ni les subordonnées des lumières et des costumes, ni les ponctuations de guitare. L’épilogue sacrera le parler couramment. On repartira alors riche d’une nouvelle qualité. Pas beau, ça ?
8 juillet quelques heures auparavant
Conférence de presse bilan
11 heures, Michel Miaille, Président du Festival, prend la parole et habilement pense-t-il et si cela avait échappé aux financeurs, fait une brève revue de presse citant le New York Times et Pékin. Quelques minutes après, impassible, Bernard Travier, – représentant Montpellier Métropole, principal financeur de la manifestation – fait une longue revue citoyenne évoquant les communautés locales, gitanes et arabes notamment.
A chacun sa planète, et même si on se remercie et se félicite abondamment des très bons chiffres, chacun continuera à travailler son solo en 2016, sachant par avance qu’il faudra créer des moments d’unisson. Tels les « Grandes leçons de danse », non ? L’élu en dessine déjà les territoires, Jean-Paul Montanari, toujours tenace, précisant qu’il s’agit de « petites œuvres et non pas de cours, de vraie danse avec de vrais danseurs » et, pour faire un pas vers l’autre, « de vraies rencontres ».
Oui, au tour de Montanari de s’exprimer et de s’étonner lui-même de la magie des « conjonctions astrales » qui seules pourraient expliquer « le grand festival » que fut cette 35e édition. De dire aussi, à juste titre, que « chaque sensibilité a son histoire », lorsqu’il fait part de son émotion face à la danse de la Batsheva. Et c’est cette même sensibilité qui le ramènera, une nouvelle fois, à regarder encore et toujours vers ses terres, la Méditerranée. Comme elle le porte en son nom, elle est au centre et sera au sein de la prochaine édition. Christian Rizzo et Emanuel Gat, le chouchou, seront aussi au générique. Quant à Maguy Marin, qui réfléchit aux enjeux intrinsèques liés à la notion de groupe, elle reviendra accompagnée d’une dizaine d’artistes qu’elle aura élus. Au vu de sa dernière pièce, gare au potlatch à goût de goulash.
Jean-Paul Montanari et Gisèle Depuccio vont tenter aussi d’éclaircir et peut-être donner réponses à la question de « la place de la femme » et à celle de l’héritage, aujourd’hui dévoyé en produits marketés. Questions légitimes. Se les poser est signe de vraie présence au monde mais pourrait suffire.
Vint le temps de celles posées par l’assistance.
Le Studio Bagouet – un petit peu lieu d’entre-soi certes, mais élargi et surtout nécessaire – a été identifié, lors de nombreux festivals des années passées, comme lieu d’apparition de formes et d’artistes, aujourd’hui établies pour les unes et reconnus pour les autres.
Comme vous le dites, « 9 Corum réussis c’est bien et c’est pas facile ». Mais 2 Bagouet, même très réussis, c’est peu. Qu’en dites-vous là ? La question me brûlait les lèvres mais ce n’était ni le moment ni le lieu. Tant pis. Mais réponses l’an prochain. Tant mieux !
Jean-Paul Guarino