Il y a eu de nombreuses occasions de rire (et de pleurer) pendant les 3 jours d’ouverture de cette 56e biennale, partie prenante de ce « monde global de l’art » qui n’en est plus à une contradiction prés. Vik Muniz faisant flotter son bateau « Lampedusa » à côté des yachts de la Riva degli Schiavoni, au moment même où 900 migrants trouvaient la mort en méditerranée ; la « collaboration » d’Issac Julien avec Rolls-Royce pour produire son nouveau film « Stones against Diamonds », au moment où il met en scène la lecture du Capital de Marx au pavillon international ; ou cette phrase lue dans une interview « I don’t think that Marx, had he lived, would have wanted capitalism to end » prononcée par Okwui Enwezor, commissaire de « All the World Futures » aux Giardini et à l’Arsenal, qui propose une vision on ne peut plus sombre du monde, au travers d’un méta-discours manquant singulièrement de générosité envers les œuvres présentées, les artistes et les visiteurs.
Loin très loin des mots de Rosa Luxemburg dans une lettre adressée le 28 décembre 1916, depuis sa prison, à son amie Mathilde Wurn : « Fais en sorte de rester humaine, cela signifie : être ferme, claire et gaie, oui, gaie malgré tout et tout… »
“Being part of a system that is the problem, not the solution.”
JJ Charlesworth, le 7 mai 2015 à propos de la Biennale de Venise
Alors malgré tout, la rencontre avec des œuvres. « L’homme qui tousse » (1969) de Christian Boltanski, les vidéos d’Harun Farocki, de Steve McQueen (Ashes, 2015), de Theaster Gates, les peintures de Baselitz, la revigorante vidéo de Vincent Meessen dans le pavillon belge, les peintures d’Adrian Ghenie au pavillon roumain.
Et pour finir la belle surprise de l’accrochage précis et épuré de Dan Voh à la Punta della Dogana (la réapparition d’Hubert Duprat, la découverte du Codex Artaud de Nancy Spero, …) et les splendeurs du Palazzo Fortuny qui viendront clôturer ces transports vénitiens.
FIN