Présentation de la saison Montpellier Danse 14-15

Jeudi 18 septembre 11 heures, salle Béjart à L’Agora à Montpellier, le rite institutionnel a changé : estrade vide, pas de cartels devant les chaises, puis noir complet, silence, et le film de présentation du programme de la nouvelle saison est projeté, jusqu’au dernier mot du générique.

Jean-Paul Montanari, tout en reconnaissant que ce changement ne change pas grand chose, et accompagné de ses invités, rejoint sa place sur l’estrade. Ce mode de présentation aura néanmoins le mérite de nous faire entrer de plain-pied dans le sujet de l’invitation et il ne s’agit pas de la programmation (nous venons d’en voir les images) : Montanari déroule la présentation de la stratégie 14-15 avec « dialogue » et « échange » comme mots-clefs. Tous ensemble, tous ensemble, tous !
La bienvenue est souhaitée aux nouveaux directeurs des institutions partenaires, Rodrigo Garcia & Nicolas Roux et Nicolas Dubourg. Tous se comprennent sans même se parler, est-il dit. Et ce n’est pas faux : l’art est au centre de leur projet respectif. Malgré la différence générationnelle et donc un rapport différent à l’héritage pour l’un et à l’Histoire pour les autres, est partagé le désir de travailler ensemble et d’augmenter les actions conduites. Un nouvel état des lieux idyllique…
Jean-Paul Montanari nous fit, malgré lui, la démonstration du jour : ce ne sont pas les politiques ni les professionnels de la profession mais c’est l’art, quand il est justement manipulé par ces professionnels tout de même, qui bâtit une politique culturelle.

   Rodrigo Garcia, directeur de hTh, accueillera Preljocaj et le brésilien Marcelo Evelin.

   Nicolas Dubourg, directeur de La Vignette, décidé à ne plus être un simple loueur de salle mais vrai partenaire, présente 4 spectacles dont Singspiele de Maguy Marin et So Blue de l’énergique Louise Lecavalier.

   La très pointue Anne Fontanesi, au sein du CCN, dévoile son programme de ]domaines[. Tous très prometteurs même si nous avons particulièrement hâte de découvrir la proposition d’Olivier Saillard qui vient contaminer la danse par la mode.

A l’interrogation dans la salle sur la porosité des programmes de Montpellier Danse et de hTh, Rodrigo Garcia reste évasif. Il était gênant, devant des professionnels, de refaire l’histoire du théâtre contemporain et de la danse contemporaine, de développer les problématiques voisines liées au corps et à l’espace et d’en souligner les racines communes plasticiennes. Si l’on avait été attentif ces dernières années, on aurait remarqué que c’est le Centre Chorégraphique et non pas un théâtre qui avait accueilli, par exemple, Perez & Boussiron ou encore Yves-Noël Genod. Et puis comment interdire à Claudia Triozzi d’utiliser le langage ou à François Chaignaud le chant ?
Oui, pour simplifier, il aurait pu être répété que la performance, en plusieurs de ses sens mais néanmoins émanation des arts plastiques, est un héritage digéré par l’un et l’autre des deux champs.

Pour finir, quelques remarques et incongruités relevées – puisque l’on est soupçonné de perfidie – ou comment aucun représentant des arts plastiques n’avait légitimité à partager l’estrade, ou comment le Théâtre Jean Vilar ne se départit pas de ses actions électoralistes municipales, et ou comment l’Agora, sujet de recentrage lors du dernier festival se retrouve vide de public durant cette saison à l’exception kitsch de l’accueil du festival des claquettes. A choisir, nous aurions plutôt de la tendresse pour les majorettes.

Jean-Paul Guarino

La programmation : www.montpellierdanse.com