L’exposition a été conçue par Roni Horn elle-même, présentant les différents médias et formes utilisés au cours des vingt dernières années – installations, photographies, dessins – et propose une expérience sensible globale à traverser.
La sélection des œuvres est un recueil des éléments qui sous-tendent le processus créatif de l’artiste : l’attention aux autres, l’idée du paysage, la lumière, les mots, l’eau, la présence, la transparence, les visages, les changements, les formes, les séries, les espaces, l’apparition de soi, et le temps.
De par un accrochage précis et très personnel, l’œuvre, rigoureuse, déploie toute son l’intelligence.
L’artiste interroge principalement la nature de la perception et de l’identité, la similitude et les différences et le spectateur prend conscience, par le déplacement de son corps dans l’espace, du caractère foncièrement fugitif et contingent de la réalité. Au-delà de la rencontre entre le spectateur et l’œuvre, l’œuvre donne vie au spectateur.
A titre d’exemple, la métaphore de l’eau dans Still Water (The River Thames, for Example), qui présente de multiples vues de la surface de la Tamise et ainsi le changement d’apparence d’un seul et même corps d’instant en instant, est exemplaire de ses préoccupations.
Roni Horn indique que les notes de bas de page de ces photographies, écrites avant la création des images, ont été pensées pour s’adresser directement aux spectateurs : «[…] j’ai entrepris la rédaction des notes de Still Water un an avant de commencer à photographier la Tamise. […] j’ai écrit ces notes dans la solitude, tout en pensant à votre venue. Un triangle se forme entre vous, moi (la voix des notes) et les photographies. Ces trois éléments sont reliés de manière inextricable par l’expérience que chacun fait de l’œuvre. Une fois encore, la combinaison du regard et de la lecture multiplie les exigences envers vous, le spectateur, et c’est en vous que ces actions fusionnent. Ainsi, je ne suis pas seule présente dans l’œuvre ; vous y êtes aussi. »
Rencontre parfaitement réussie, nous faisons pleinement corps avec l’installation. Une expérience loin d’être commune pour ne pas dire exceptionnelle.
Jean-Paul Guarino
Roni Horn
Everything was sleeping as if the universe were a mistake
du 3 novembre 2014 au 1er mars 2015 au CaixaForum – Madrid