Good vibes et autres à Montpellier – au Musée Fabre et au Frac Occitanie

Jeudi 19 juin 11 heures, conférence de presse à l’auditorium du musée Fabre. Si nous connaissions Michaël Delafosse et son fort engagement envers la culture, et si nous avions déjà entendu les représentants de l’Etat et de la Région, nous découvrîmes Juliette Trey, nouvellement à la tête de la fameuse institution.
Au titre de la rencontre du jour, « Bicentenaire du musée Fabre : un dynamisme renouvelé », s’avéra plus juste, la matinée passant, « un dynamisme réinventé ». Cette nouvelle direction, par ce qui fut dit, semble d’une réelle nouvelle posture. Un vent d’intelligence, à partager, souffla sur le charme discret de l’assurance d’un savoir profond qui ne semble en rien chercher à démontrer, loin des autoritaires superlatifs vulgairement usités. Un air allégé assurément.
On peut le dire, matinée sous le signe de « Découvertes et Bonnes nouvelles ».

Donc les sujets du jour traitèrent des projets en cours et à venir afin de faire rayonner le musée.
Un « musée à hauteur d’enfants », des partenariats avec les musées du Louvre, Guimet et Orsay, une programmation ambitieuse et l’extension du musée, le tout contribuant à donner un nouvel élan au musée à l’occasion de son bicentenaire.

L’exposition « Pierre Soulages. La rencontre » entamera, du 28 juin au 4 janvier 2026, la célébration. À l’été 2026 se tiendra « Pierre Paulin, la poésie en plus ». Cette exposition sera une première dans l’histoire du musée à présenter le travail d’un designer. En 2027, le Louvre prêtera exceptionnellement des œuvres pour l’accrochage « De Sumer à Babylone, les antiquités orientales du Louvre, de 5000 avant notre ère à 500 après J.-C ». En 2028, sera organisée « Van Gogh et Gauguin à Montpellier », l’exposition tournant autour de leur visite de la ville en 1888. Enfin, l’été 2030 marquera un grand accrochage sur Delacroix et la modernité, qui sera le premier dans le nouvel écrin du monument.

Ces expositions estivales feront suite aux hivernales – de décembre à avril –, projets thématiques et transchronologiques portant des enjeux de société, avec une toujours même exigence scientifique ne privant en rien le plaisir de toute simple contemplation, consacrant là encore le musée en lieu de recherche.

En plus des collaborations avec le Louvre et le musée Soulages, le musée Fabre s’associera avec le musée Guimet à partir de décembre. Des œuvres de pays d’Asie seront présentées au sein de l’hôtel Sabatier d’Espeyran. La Chine sera représentée jusqu’en octobre 2026, ensuite ce seront les mondes indiens de décembre à octobre 2027, le Japon de décembre à octobre 2028, et enfin les mondes himalayens de décembre à octobre 2029. Un accrochage aura aussi lieu en 2026 en partenariat avec le MO.CO. et l’école des beaux-arts de Montpellier.

Versant travaux et extension, le projet est tout aussi ambitieux avec la création d’un vaste escalier menant à une nouvelle grande salle dédiée aux expositions temporaires creusée sous le parvis, un réagencement de l’actuel plateau temporaire pour déployer la collection XXe et XXIe siècle ainsi que différentes interventions telle celle au sein de la chapelle de la pharmacie de l’œuvre de la Miséricorde. Notons avec délectation le retour d’un café-restaurant et d’une nouvelle librairie-boutique. Le tout sera réalisé par l’Atelier d’architecture Emmanuel Nebout.

 

Musée Fabre – Montpellier
Pierre Soulages. La Rencontre
Pierre Soulages
28 juin 2025 – 4 janvier 2026

 

 

 

Ce même jeudi en fin d’après-midi, au Frac Occitanie Montpellier, nous avons été témoin d’une enthousiasmante dynamique au sein d’un regroupement éphémère de jeunes artistes.
Avec les contraintes du dispositif – exposer quatre artistes issus des quatre écoles supérieures d’art de la Région, soit l’ÉSAD Pyrénées (Pau-Tarbes), l’ésban (Nîmes), l’isdaT (Toulouse) et le MO.CO. Esba (Montpellier), dans le cadre d’un programme d’accompagnement et professionnalisation – Éric Mangion, à la tête de l’institution, leur proposa une direction inspirée.

« Construire une exposition comme on construit un décor, un décor de film qui ressemblerait à un Western, composé d’un paysage sec, sauvage, surtout minéral, lorsque l’espace se fait horizon. Car le Western c’est l’invention de paysages. Né et gravé pour toujours dans l’imaginaire de l’Ouest américain, le genre s’est pourtant renouvelé au Chili, en Argentine, en Mongolie, en Chine, en Australie, en Islande, en Afrique du Sud, partout où la conquête de nouveaux espaces rime avec violence entre les hommes, et entre les hommes et la nature. Il est bâti de légendes et de fictions, objet de fantasmes depuis plus d’un siècle de cinéma et de littérature.

C’est de la rencontre avec les artistes et de la découverte de leurs travaux qu’est née l’idée de ce décor commun, aménagé tel un plateau de tournage abandonné, avec des objets qui s’agrègent les uns aux autres, petit à petit, pendant les mois de préparation de l’exposition. Lumière, son, peinture, photographie, sérigraphie, sculpture, architecture et même graphisme se regroupent dans la perspective de former une vision composite dans laquelle la figure humaine est absente. Évidemment, personne ne sera transporté fidèlement sur un plateau de tournage, mais comme l’écrit si bien Camille Castillon dans son entretien publié pour l’occasion : vous êtes priés d’y croire. »

Une publication, disponible en salle, rend parfaitement compte de l’entièreté du dispositif, baptisé « Nos vœux les plus sincères » et inclut des entretiens concis et éclairants entre Éric Mangion, que l’on félicite, et chacun des quatre jeunes artistes, que l’on suivra évidemment.

 

Frac Occitanie – Montpellier
Comme un Western
Philip Berg (invité : Baptiste Aimé), Camille Castillon, Aurore Clavier, Jiajing Wang
20 juin – 29 novembre 2025

 

 

 

Pour rester positif, on éludera le pourquoi et comment du n’importe quoi de l’exposition de présentation des diplômés 2025 du MO.CO. Esba – École des beaux-arts de Montpellier – dans un lieu on ne peut moins adapté à l’exercice de la collective, l’historique salle de dissection de la Faculté de Médecine, hantée des reliques d’une exposition précédente ainsi outragée, même si l’on subodore l’occupation de tout lieu possible d’exposition dans la ville comme seule visée et signe augmenté de pouvoir.

Nous ne nous attarderons pas non plus sur la présumée exposition de Banksy qui eut lieu récemment à Montpellier aussi, ni sur celle, tout aussi populiste, à venir à Sainte-Anne. Vous pourrez retrouver ce même dernier artiste, en compagnie d’un autre fantasque compère, à Carcassonne qui aurait des velléités d’art contemporain. Ça démarre fort dans l’Aude !

 

Jean-Paul Guarino