Marlene Monteiro Freitas – Montpellier Danse 014

Ce n’est pas un scoop, mais tout l’intérêt d’un festival c’est de voir, si on le peut, le plus grand nombre de spectacles. Non pour se goinfrer d’images, s’enivrer de corps ou juger et porter assassines critiques nourries de bons mots mais pour voir où en est la danse, où l’on en est face à cette danse et, comme on le dit pompeusement, où sommes-nous et où en sommes-nous dans le monde.

 

MMF

 

Donc de retour au Théâtre de La Vignette, où l’on a déjà oublié toutes les perfidies vraies que l’on aurait pu débiter sur l’indigente proposition de Matthieu Hocquemiller, vue le vendredi 26 juin. Ce mercredi 2 juillet, Marlene Monteiro Freitas occupait l’espace de cette même scène pour une intense création « d’ivoire et chair – les statues souffrent aussi », accompagnée de 3 danseurs/performers et 3 musiciens.

En amont de la représentation, la parole de MMF construit un discours raffiné, précis et sensé, nourri de savoir. Des termes choisis tels pétrification ou transgression et d’autres ; elle dit que ces termes, une fois posés, lui permettent de construire pour mieux non pas déconstruire mais perforer, déchirer ; aller au-delà. Au-delà de ce qu’elle imagine et au-delà de ce que l’on peut, nous, lointains spectateurs, penser atteindre.

L’Art est objet de rencontre : MMF entretient précieusement sa relation avec chacun des performers ; quant à la rencontre entre l’art et le spectateur, celle-ci n’est jamais miraculeuse. L’artiste se doit de faire le premier pas, le spectateur se doit de faire le suivant. « Alors on danse » ; on ne sait plus où l’on est, mais au-delà de ce que l’on ne pouvait imaginer.
En symbiose avec la transe du danseur, le spectateur lui s’abandonne en augmentant sa concentration.

Ce que l’on a regardé : autour du « socle », les sculptures, en souffrance, en instance de prendre vie, tentent de transgresser leur fixité pour y accéder, puis l’occuper ardemment jusqu’à en déborder et chuter.
Cruelle vanité, que l’on a vue.
Les danses, les corps, les présences, le son, les musiques, les costumes, les lumières travaillent constamment l’intensité de cet Opéra.
Au Portugal, l’architecture se manifeste avec éclat en suite d’une catastrophe, le tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755.
Baroque du portugais barroco, perle irrégulière.
Je vous laisse le plaisir de connecter le tout.

Jean-Paul Guarino

 

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Marlene Monteiro Freitas
de marfin e carne – as estatuas tambem sofrem
Chorégraphie : Marlene Monteiro Freitas
Avec : Andreas Merk, Marlene Monteiro Freitas, Lander Patrick, Betty Tchomanga
Musique : Cookie (percussion), Tiago Cerqueira (son et édition)
Lumière : Yannick Fouassier
Festival Montpellier Danse
Théâtre La Vignette – Montpellier
mercredi 2 et jeudi 3 juillet 2014