D’entrée, nous aussi, comme l’a fait le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, en introduction de la conférence de presse ce mercredi 20 mars, désamorçons toute bombe microcosmique.
Rien de nouveau n’a été annoncé quant au devenir de Montpellier Danse en possible union avec son voisin, le Centre chorégraphique. Fort à parier que c’est qu’il n’y avait rien à dire, rien de fait à ce jour ni plus tard d’ailleurs peut-être, tant les idées de fusion, déjà tentées dans d’autres lieux et d’autres temps, se terminèrent par simples sages conventions et mutualisation de quelques services. Wait and see, une annonce serait faite prochainement lors d’une symbolique cérémonie de finissage définitif des travaux de l’imposante Agora – Cité de la danse.
Voici plutôt « Danse » – visuel de l’affiche de la 44e édition du festival – traité avec un étrange graphisme tel ce « S », police d’une famille étrangère aux autres, plus commune mais la plus anthropomorphe aussi, en corps dansant et ondulant, se multipliant maladroitement pour occuper tout son espace. A part se questionner sur ce simple exercice de style, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, ce n’est pas de ce côté que nous trouverons du symbolique pour qualifier le programme 2024 de la manifestation. La réponse serait plutôt apportée par le concept annoncé de cosmopolitisme qui exprime la « possibilité d’être natif d’un lieu et de toucher à l’universalité, sans renier sa particularité ».
Cette idée, et sa grande part utopique quand elle réussit à unir les mondes, anime toujours Jean-Paul Montanari et a participé au montage de son 42e programme. Les œuvres témoigneront-elles d’heureuses hybridations espérées, wait and see encore, la grande majorité des pièces – 15 au total – étant des créations, en cours d’apparition et non vues à ce jour. Néanmoins et déjà, nombre d’entre-elles, subjectivement, donnent envie d’y aller voir.
La curiosité nous conduira au Corum dès le premier soir du festival pour découvrir le travail du britannique Wayne McGregor. Nous sommes assurés, comme pour toutes les soirées à l’Opéra Berlioz, d’assister à un spectaculaire spectacle a minima. Il en sera de même pour le Cloud Gate de Taïwan le week-end suivant.
En revanche, très envie de voir la complicité entre la danoise Mette Ingvartsen et sa fidèle complice Manon Santkin dans « RUSH » ; d’en prendre plein les tympans lors de « takemehome » avec la partition de Kim Gordon accompagnant la création de Dimitri Chamblas ; d’être témoin d’une rencontre qu’on jugerait trop rapidement d’improbable entre Anne Teresa de Keersmaeker et « Les Quatre Saisons », le tube de Vivaldi ; de retrouver toutes les qualités d’écriture de Michèle Murray pour « Dancefloor », pièce créée pour les 24 danseurs du Ballet de Lorraine, de mesurer une fois encore toute l’intensité sur un plateau, en solo, de la présence de la canadienne Daina Ashbee et enfin de savourer le plaisir garanti par l’incomparable danse de Merce Cunningham déclinée, lors de la soirée de clôture du festival, en 3 pièces par le virtuose Ballet de Lorraine encore.
À noter, un évènement amusant dans l’espace public, « Discofoot », une partie de ballon chorégraphiée avec ce même Ballet de Lorraine sur fond de mix D.J, sur une immense pelouse recouvrant la Place de la Comédie, dimanche 30 juin à 11h. Et enfin et pour peut-être aider nos décideurs, des idées à pêcher lors de la Table ronde organisée la veille, le 29 juin, au Studio Cunningham à l’Agora. Le thème : Quels lieux pour la danse de demain ?
La boucle sera-t-elle bouclée ?
Jean-Paul Guarino
Festival Montpellier Danse – Montpellier
44e édition
22 juin – 6 juillet 2024
Nos incontournables
« RUSH » de Mette Ingvartsen / 25, 26 et 27 Juin / Hangar Théâtre
« takemehome » de Dimitri Chamblas et Kim Gordon / 27, 28 et 29 juin / Théâtre de l’Agora
« Création 2024 (provisoire) » de Anne Teresa de Keersmaeker / 1 et 2 juillet / Opéra Comédie
« Dancefloor » de Michèle Murray avec le Ballet de Lorraine / 2 et 3 juillet / Théâtre de l’Agora
« We learned a lot at our own funeral » de Daina Ashbee / 3, 4 et 5 juillet / Studio Bagouet
3 pièces de Merce Cunningham par le Ballet de Lorraine / 5 juillet / Opéra Comédie
Programme complet ici