5 et 6 février – vernissage à Carré d’Art, Nîmes et au Crac, Sète

 

Suzanne Lafont à Carré d’Art – Musée d’art contemporain, Nîmes

 

SLafont

 

Suzanne Lafont développe un travail photographique dans un champ élargi où sont convoquées des références au théâtre, à la performance ou au cinéma.

Suzanne Lafont (née en 1949) est une des figures les plus importantes de la scène française dont le travail a connu une grande visibilité dès les années 90. Une exposition personnelle lui a été consacrée au Jeu de Paume en 1992 ; elle a exposé dans le Project Room du MOMA de New York la même année et a participé aux Documenta 9 et 10.
L’exposition à Carré d’Art est une mise en perspective de ses œuvres les plus récentes où elle a travaillé à partir de banques d’images, en mettant en espace le livre de Rem Koolhas Guide to Shopping, réinterprétant Manipulating the self de General Idea ou en repensant la relation complexe entre image et langage dans la série Twin Peaks de David Lynch.

 

Extrait de l’entretien entre Suzanne Lafont et Jean-Marc Prévost, directeur du Carré d’Art et commissaire de l’exposition, in SUZANNE LAFONT, catalogue bilingue français/anglais contenant également un texte de Marcella Lista.

Après une formation en littérature et en philosophie, je voulais savoir pourquoi dans les années quatre-vingt vous vous étiez intéressée à la photographie ?
Je ne crois pas avoir jamais été philosophe. Cependant, au cours de mes études universitaires, je me suis intéressée à une certaine forme de philosophie mettant en relation les idées et les situations.
Disons qu’à travers la forme particulière du dialogue socratique j’ai découvert une manière de contextualiser l’idée dans l’échange de la parole et le mouvement de la marche. Je lisais également Mikhaïl Bakhtine. Cette lecture m’a conduite à la découverte de genres littéraires mêlant gravité et comédie, rationnel et irrationnel, débat philosophique et roman d’aventures. Parallèlement je lisais le Quichotte, Jacques le Fataliste, Bouvard et Pécuchet. Ce n’est que confrontée à la difficulté d’écrire, que s’est posée la question de la réorientation de mon travail. Cela ne s’est d’ailleurs pas passé à la façon d’une table rase, mais comme un déplacement progressif nourri principalement par le cinéma et la danse.
Le cinéma représentait évidemment le temps et l’image mécanique.
La danse représentait le déroulement réel du temps dans l’espace.
J’allais régulièrement à l’American Center où j’ai vu à la fin des années soixante-dix, Trisha Brown, Steve Paxton, Lucinda Childs. Le travail sur les mouvements ordinaires m’intéressait et bien sûr la marche dans le mouvement dansé. Le choix de la photographie n’a pas été guidé par un goût particulier pour ce medium, ni par une connaissance de son histoire. Je me suis tournée vers la photographie avec une préoccupation de ce type : faire du cinéma sans les moyens du cinéma. Cela signifiait que chaque proposition ne serait pas constituée d’une image, mais d’un ensemble d’images, qui nécessiterait afin d’être activé le déplacement du spectateur. J’ai commencé à m’intéresser à la photographie à partir d’un questionnement sur le temps dont le spectateur ne pouvait qu’être le moteur. Il est aussi évident que ce choix a été déterminé par une composante économique. La photographie contrairement au cinéma ne mobilisait pas de moyens de production et offrait une garantie d’autonomie.

 

Suzanne Lafont
Situations
Carré d’Art – Musée d’art contemporain, Nîmes (30)
6 février – 26 avril 2015
vernissage le 5 février 2015 à 18h30

 

 

 

Monographies au Crac – Centre Régional d’Art Contemporain L-R, Sète

 

Printemps charnel au Crac avec 4 monographies. Sylvie Fanchon, Nina Childress et Enna Chaton occupent les espaces du rez-de-chaussée quand, Mirka Lugosi est accueillie au Project Room.
Le titre, « Chair », de la proposition de Sylvie Fanchon – qui traite de l’artifice tant de la couleur que de la Peinture – aurait pu être le générique des 4 monographies réunies. Enna Chaton révèle la lumineuse carnation de Trônes, messagers tombés sur Terre inconnue, étrangers à toute souillure matérielle alors que des poudres évanescentes de réalité maquillent les corps des dessins et photographies de Mïrka Lugosi. Nina Childress, elle, farde la toile telle une peau comme pour mieux en révéler l’incarnat.

 

Nina Childress
Magenta
Nina

Nina Childress crée une peinture fondée sur des antagonismes forts, mêlant  le beau / le laid,  l’autorisé / le dissident,  le convenable / le déclassé,  l’harmonieux et le dissonant. Ses oeuvres présentées pour son exposition au Centre Régional d’Art Contemporain témoignent d’ensembles récents de sa pratique picturale de 2011 à 2014.

 

Sylvie Fanchon
Chair
SFanchon

Sylvie Fanchon est peintre. Elle qualifie son travail d’entreprise de vérification de la véracité des perceptions que nous avons du monde. « Chair » est le titre de son exposition. L’artiste joue sur le sens du mot et propose d’entrée de jeu une multiplication des points de vue. Dans la plus grande série des œuvres présentées, la couleur renvoie souvent à la chair, au fond de teint, comme une métaphore du corps humain.

 

Enna Chaton
Le bleu du ciel
Enna

Pour son exposition monographique Enna Chaton est invitée par le CRAC LR à présenter un ensemble de photographies dans les trois grandes salles qui lui sont consacrées. Sa pratique artistique est élaborée essentiellement autour de la question du nu et du modèle, enrichie par une pratique de la performance.

 

Mïrka Lugosi
Figures
Mirka

Mïrka Lugosi se désigne elle-même comme « peintre d’images » et donne vie à un univers érotique et fantasmagorique unique, tout à la fois percutant, subtile, fantaisiste, dérangeant, drôle et personnel, flirtant avec un érotisme noir … poudré de rose. L’implication du corps et du physique est souvent déterminante et précède parfois la réflexion pour laisser place à l’interprétation.

 

 

Enna Chaton, Nina Childress, Sylvie Fanchon, Mïrka Lugosi
CRAC – Centre Régional d’Art Contemporain L-R, Sète (34)
6 février – 31 mai 2015
vernissage le 6 février 2015 à 18h30