3 expositions très attendues – Jean-Paul Guarino

 

Cette année, 3 expositions monographiques sont très attendues, soit, à chaque fois, le résultat d’un commissariat au service d’une œuvre à l’encontre des expositions collectives, aux concepts, non, plutôt aux idées, souvent des plus fumantes, au service d’assommants bla-bla laborieusement à la traîne de différentes éphémères modes ou tendances. Une fois encore, l’Histoire vs l’actualité.
Donc, un génie moderne au Centre Pompidou à Paris, un artiste français contemporain volontairement discret, à l’œuvre des plus singulières, qui occupera pleinement et magistralement le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et une iranienne, vivant à Berlin, reconnue internationalement mais dont ce sera la première exposition muséale en France, à Carré d’Art à Nîmes en l’occurrence.

 

Par ordre chronologique, en entame des festivités, Nairy Baghramian à Carré d’Art, Nîmes. 2 avril – 20 septembre 2020. Commissaire : Jean-Marc Prévost

Nairy Baghramian pense aujourd’hui la pratique de la sculpture en liant des problé­matiques d’ordre formel à des questions de sens. Dans son travail, ce qui frappe au premier regard est une certaine sensualité des formes, soulignées parfois par de subtils jeux chromatiques. Elles semblent souvent instables, cherchent leur point d’équilibre en assumant leur fragilité.
La cire, matériau fluide et solide souvent utilisée dans la sculpture pour modeler et mouler fait partie intégrante des œuvres en recouvrant des structures métalliques. En contrepoint à l’histoire de l’art, l’artiste convoque le do­maine de l’aménagement intérieur ainsi bien que l’univers paramédical. Le résultat est celui d’une instabilité, d’une organicité qui va à l’encontre de la sculpture monu­mentale. En se penchant sur l’histoire des formes domestiques, fragiles, décoratives, artisanales, l’artiste contamine l’histoire de l’art par son envers proscrit et dénigré.
Dans l’exposition de Nîmes, Nairy Baghramian entrera en dialogue avec l’architec­ture de Carré d’Art, transparente et aérienne autant que rigide et en un sens autori­taire mais aussi la sculpture monumentale d’Ellsworth Kelly dans le hall du bâtiment.

Nairy Baghramian (née en 1971) vit actuellement à Berlin. Elle a exposé récemment au Mudam à Luxembourg, le Museo Reina Sofia à Madrid, le Walker Art Center à Minneapolis, la National Gallery of Denmark à Copenhague et à la dernière Biennale de Venise.

 

 

Hubert Duprat. MAM – Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris. 24 avril – 23 août 2020. Commissaire : Jessica Castex

À travers divers ensembles, photographiques, sculpturaux, et d’œuvres monumentales in situ, l’exposition retracera l’itinéraire de cet artiste précurseur développant sa pratique à la manière d’un chercheur collectionneur.

Nourri d’imaginaires archéologiques et de savoirs scientifiques, Hubert Duprat produit depuis une trentaine d’années une œuvre protéiforme et fascinante. L’artiste invite à faire l’expérience d’hybridations singulières alliant par exemple le galuchat et le polystyrène, le corail et la mie de pain, le quartz et la paraffine.
Relevant du processus de fabrication, son œuvre explore la diversité des formes. L’ensemble de sa production constitue un corpus, où se côtoient le monumental et la miniature, les lignes minimales et la virtuosité maniériste.
Dès ses débuts, l’activité des larves de Trichoptères inspire à Hubert Duprat une œuvre fondatrice. Explorant le savoir-faire de l’insecte artisan qui fabrique un cocon avec des éléments prélevés dans son territoire aquatique, il pourvoit l’animal de fils d’or et de perles et lui délègue l’exécution d’étuis délicats.

« Le Miroir du Trichoptère », collection personnelle de l’artiste, rassemblant plus de deux mille ouvrages, des gravures, des objets, des photographies et des films, sera montré dans sa totalité dans un espace dédié dans les collections.

 

 

Henri Matisse. Centre Pompidou, Paris. 13 mai – 31 août 2020. Commissaire : Mnam/Cci, Aurélie Verdier

À l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance d’Henri Matisse (1869-1954), le Centre Pompidou lui rendra hommage au travers d’une exposition réunissant des œuvres incontournables qui exploreront l’intrication texte/image au sein de son œuvre.

En 1942, Henri Matisse déclare : « L’importance d’un artiste se mesure à la quantité de nouveaux signes qu’il aura introduits dans le langage plastique. » Durant toute sa carrière, il est cet artiste. Comme tous les grands créateurs, il donne naissance à des mondes sans équivalents – ces nouveaux signes plastiques qu’il appelle de ses vœux…